Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...
Les Pyrénées regorgent de sources thermales qui sont utilisées depuis la nuit des temps par les populations qui n'avaient pas besoin de laboratoire pour en connaître les vertus.
Ce sont les Romains qui ont commencé à les "commercialiser", je veux dire par là, qu'ils ont crée tout un système de captage, de canalisations, de bassins pour leur bien être et leur santé. Les dernières découvertes à Bagnères-de-Bigorre en sont un des plus beaux témoins....
Bien évidemment, de la chute de l'empire romain au 5ème siècle jusqu'au 17ème siècle, tous ces réseaux thermaux ne servirent qu'aux populations autochtones qui se soignaient ainsi et avec les plantes. Ce qui restait des ouvrages romains ne profitèrent qu'aux seigneurs qui possédaient les sources.
Mais à partir du 17ème siècle, on vit des savants se pencher sur ces eaux "miraculeuses" et les analyses des compositions minérales commencèrent. Barbazan n'y échappa pas : dès 1670, l'analyse du sieur Duclos était déjà explicite : "L'eau de Barbazan prise au milieu du printemps était limpide et sans saveur, elle rendait seulement la langue un peu plus rude après l'avoir goûtée, pendant l'évaporation qui s'en est faite à chaleur lente, il s'y faisait des pellicules blanches et assez semblables à celles que fait la chaux vive à la surface de l'eau".
Elle fut la première d'une longue liste (1). En 1860, Jean-Claude Descaillaux vendit la station aux Bellan de Labroquère qui apportèrent certaines améliorations dans les installations. En 1865, ces derniers la vendirent à leur tour aux Bon de Loures qui emménagèrent une buvette très inesthétique.
En 1881, le professeur Carrigou étudiait les eaux, mais prenant parti dans la querelle qui opposait les Verdier, propriétaires d'un pré à côté de celui où jaillissait la source principale, aux Bon, il capta trois sources qui prirent le nom de "Puits Verdier". Mais ce n'étaient que des perdants de la Source Principale. Les Verdier commencèrent à construire un établissement de bains et une buvette. La concurrence était sévère et les disputes fréquentes, c'est à qui attirerait le plus de clientèle.
Les parcelles sur le plan cadastral napoléonien en vigueur jusqu'à sa rénovation à la fin du 20ème siècle.
Devant le succès des eaux, des intérêts privés s'en mêlèrent. Des bourgeois plutôt aisés s'intéressèrent de plus en plus aux thermes de Barbazan, calculant les revenus qu'ils pourraient en tirer et en 1885, achetèrent les sources Bon et les puits Verdier. Le calme fut rétabli en ce lieu idyllique. Et l'on n'entendit plus les noms d'oiseaux volant d'un établissement à l'autre...
Capture d'écran : cadastre napoléonien 1832, Lande de Vignau et Métairie de Vignau, cadastre en vigueur en fin 19ème siècle.
La Société Anonyme des Bains de Barbazan fut fondée par Bernard Fourcade qui en devint le directeur, Amédée Bourdie, propriétaire à Homps (Aude) et Victor Perrin, notaire à Toulouse (2). Des modifications de construction furent entreprises. La station s'agrandit sur les parcelles avoisinantes. Initialement, elle s'étendait sur les parcelles (3) 392, 393, 388, 394, 390. L'antique baraque avait toujours porté le numéro 393 sur le plan. En 1885, on démolit les anciennes buvettes sur la parcelle n°392 pour en construire une nouvelle que l'on agrandit en 1888.
Au commencement était la première station : parcelles 388, 390, 392, 393, 394. Cadastre 1832 : tous ces quartiers étaient en parcelles cultivées.
sur le cadastre 1832 en vigueur encore au 20ème siècle, la station s'agrandit de l'autre côté du chemin du Moulin de Patoye qui change de tracé au 20ème siècle..
En 1882, sur le pré n° 388, on installa des cabinets d'aisance. En 1885, sur le pré n°392, on monta un fourneau ; en 1884 et 1885, de l'autre côté du chemin du Moulin de Patoye, René Estradère de Barbazan, monta une buvette dans le quartier de Mercadaou (n°113).
Voici donc le premier établissement et l'ancienne buvette datant du dernier quart du 19ème siècle.
Dans les années qui suivirent, les actionnaires changèrent. En 1922, Raymond Bergougnan industriel de Clermont-Ferrand, y entra ; en 1924, c'était au tour de Lucien de Boisserolle, de Barbazan ; en 1925, c'était Paul Denjean, hôtelier à Toulouse ; en 1926, la Société Anonyme du Grand Hôtel de l'Europe et du Midi et du Grand Hôtel de Barbazan prit des parts du capital ; en 1929, la Société Immobilière de Toulouse fut constituée ; enfin, en 1930, la dénomination définitive de la station fut : "Société Anonymes des Eaux Minérales de Barbazan".
Evidemment, ce que je vais vous raconter est un peu ennuyeux mais nous allons résumer ce qu'était cette station au travers de ses constructions et nous verrons que tout l'ensemble était conçu comme un espace commercial offrant à tous les curistes et autres visiteurs les commodités qu'ils attendaient pour que leur séjour soit le plus agréable possible.
Une autre buvette lui succéda pas très réussie non plus :
Dommage pour la bannière mais je n'en ai pas trouvé d'autres ! Pub pour le site...
Les boutiques tout le long du rocher sur le chemin qui monte vers la chapelle et rejoint l'Hôtel Beau Site :
En 1901, l'établissement actuel et un hôtel étaient construits et prenaient le nom d'Hôtel des Bains de Boulogne. On ne sait pas trop pourquoi on lui donna cette appellation. La buvette actuelle fut bâtie en 1905 sur la parcelle n°390 et inaugurée en 1907. Elle est très typique de ces années où toutes les imaginations étaient permises. Elle a subi des modifications au cours du 20ème siècle mais reste après avoir subi une restauration plus que réussie, ce que son auteur a voulu qu'elle soit : une merveille.
Le Grand Hôtel sera détruit à la Libération de Saint-Gaudens et donc du Comminges le 20 août 1944 par un incendie en même temps que le château. Ces actes criminels auraient été perpétrés par des personnes très, très mouillées dans une étroite collaboration avec les nazis et recherchées par les Résistants. Ils auraient mis le feu aux deux bâtiments éloignés l'un de l'autre, en même temps, afin d'occuper la population et de ce fait pouvoir partir en quatrième vitesse en Espagne...
Comme tant d'autres mais certains eurent la présence d'esprit de fuir en fin août ou septembre 1944 en compagnie des officiers SS qui préférèrent se réfugier dans les bras douillets et compatissants des franquistes plutôt que de rejoindre l'armée allemande luttant contre l'avance des Alliés... Toute nation a ses lâches.... et les lâches savent avoir de très, très, très bons amis...
On aperçoit au fond de l'image, la nouvelle buvette avec son dôme en culs de bouteilles. Depuis les années 60 elle nous montre un autre couvre-chef...
Vous allez me dire : qu'était donc devenue la métairie du Vignau à l'abri sur l'esponne et donnant sur la route de Luscan ? Et bien, elle aussi a connu des changements : en 1911, elle devint une laiterie qui appartenait à Jean Ané, cultivateur à Luscan. Puis au fil des années, elle devint une pension de famille et enfin un hôtel. Actuellement, elle est aménagée en chambres d'hôtes ou gîtes...
Ancien Hôtel Beau Site...carte postale des années 1970.
Nous continuerons ce cheminement dans le passé thermal de Barbazan dans un prochain article et croyez-moi, il est riche !
Jackie Mansas
8 juillet 2017
1 - Paul Bertrand : contribution à l'étude des eaux minérales de Barbazan 1950
2 - Matrice cadastrale de Barbazan
3 - Voir l'ancien cadastre de Barbazan sur le site des archives départementales de la Haute-Garonne.
Pour les cartes postales : il y en a des miennes mais je vais les chercher sur les sites vendeurs de cartes comme Delcampe, JFM, cparama....eBay, price minister et tant d'autres...