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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois
Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...

4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Jackie Mansas
  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Vue actuelle aérienne de Galié. Le quartier de la Montjoie se trouve en haut de la carte et l'on peut imaginer le trajet depuis la rue où se trouvait la maison Agasse jusqu'à la Garonne, sachant que le pont et la rue vers le pont n'existaient pas en l'état. Photo copiée sur le site monumentum.fr, cartes de France. Le pictogramme indique le château-fort.

  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Le quartier de la Montjoie depuis le haut de la forteresse, sur les pentes de l'ancien donjon années 40/50. Carte 

Avant de continuer le récit de cette nuit tragique du 22 au 23 mai 1944, avec beaucoup de retard mais les circonstances font que... nous allons partir, grâce aux recensements, à la rencontre des habitants du quartier de la Montjoie où se trouvait la maison Agasse et qui ont eu, cette nuit-là, la peur de leur vie.

Ils n'ont jamais rien dit aux SS et même, on peut le croire, ont aidé la famille Agasse, le passeur Bordes et les deux jeunes réfractaires au STO à s'enfuir sans que les allemands ne s'en doutent, ni ne s'en aperçoivent vu la configuration des lieux.

Le quartier de la Montjoie, le plus ancien de Galié, après celui de la forterese, occupe une place priviligiée sur un plateau bien exposé à l'ouest contre le Pujo  et se trouve protégé car enclavé entre la montagne  et le canal dit du Moulin qui suit l'ancien tracé de la Garonne (déviée au XVème siècle après un gigantesque tremblement de terre). 

La route, anciennement départementale, rejoignait le carrefour de l'entrée du village avec le chemin qui menait, avant la crue de 1936, à la passerelle permettant de relier le village à la halte des Chemins de fer et au bistrot/restaurant très populaire. Ils étaient situés tous les deux sur la route, ex nationale, en face des fours à chaux de Bagiry, quartier de Mélède.

Les très belles maisons qui s'alignent le long de la rue presque rectiligne jusqu'au virage après la Portà ou Portas ou Portasse * - porte d'entrée du village médiéval - ne datent que de la fin du 19ème siècle/début du 20ème.

Les autres sont, bien entendu,  beaucoup plus anciennes, plus en adéquation avec le village d'origine médiévale surtout après le monument de la Montjoie. Les maisons sont collées les unes aux autres par groupes avec parfois des goutets entre elles et sont à cette époque des petites fermes.

Les façades Est donnent sur la rue, bloquant la vue et le passage vers les terrains autrefois entourés de haies et d'arbres fruitiers qui descendent jusqu'au canal puis s'alignent jusqu'à la route, en relief plat.

Mais, surtout, qui rejoignent la Garonne car partout, dans les haies, des clèdes (portails faits de branches et de fil de fer barbelé) permettent de passer pour travailler la terre et mener le bétail.

 

Le plan des SS

 

Ils avaient bloqué les deux entrées/sorties mais ne pensèrent pas à surveiller la route. Ils ne voyaient rien d'autre, dans leur aveuglement haineux, que tous ces bâtiments alignés et collés les uns aux autres. Pour eux, ce n'étaient que des "nids de vipères" où les résistants se réunissaient pour leur mener la vie dure et contester ainsi leur pouvoir. 

On verra pourquoi ils ne réussirent pas à arrêter les quatre hommes alors qu'ils avaient la possibilité de les empêcher de s'enfuir. 

Nous allons donc étudier de près le recensement de 1936 pour connaître

(il devait y en avoir un autre en 1941 mais l'état de guerre le fit annuler. Il y eut très peu de changement hors le fait que les hommes mobilisés en 1939 étaient prisonniers)

l'état de la population en 1944. (1)

 

Chez Agasse en mai 1944 

 

Le père, propriétaire exploitant, Victor Agasse est né à Frontignan en 1891 et est venu s'installer à Galié, mais en 1944 il est décédé depuis quelques années. Il a laissé son épouse Victorine Bordères, née à Saint-Bertrand de Comminges en 1905.

Elle a repris la petite ferme devenant à son tour chef de famille. Elle ne vit pas seule, ses enfants sont restés avec elle, elle doit les élever, ils sont jeunes lorsque leur père décède. L'aînée, dans le recensement de 1936, a 12 ans et est absente de la maison car sans doute en apprentissage quelque part (comme couturière, métier très prisé pour les filles) ou bien déjà placée...

Mais à la mort de son père, elle revient au foyer pour aider sa mère et dit-on parce qu'elle est enceinte. Suzanne, l'aînée donc, est née en 1924 et est mère célibataire d'une petite fille née en 1941.

Une maman jeune, sans doute controversée, moquée et quelque part un tantinet rejettée car déshonorée : avoir un enfant à 17 ans sans être mariée, c'est une honte ! Mais tout le monde ne juge pas et les maquis lui font confiance car ils savent bien que son engagement est sincère malgré son jeune âge et que l'on peut compter sur elle.

- Paulette née en 1926

- Gilbert né én 1928

- Hélène née en 1934

- une autre fille née après le recensement de 1936, dont nous ne connaissons ni la date de naissance ni le prénom. Le recensement de 1941 sera supprimé mais dans les archives militaires, dans le rapport sur "l'opération de Galié", elle est mentionnée

- et enfin le bébé de trois ans.

  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Entrée du village avec le café Ballat à droite.

Comme l'énumération est longue, vous pouvez sauter au paragraphe suivant.... Je n'ai étudié ce recensement que pour connaître l'état de la population vivant aux alentours de la maison Agasse dans ce quartier et uniquement 16 familles.

Il est en effet impossible que les voisins aient ignoré les activités de la famille Agasse, n'aient pas remarqué les allées et venues nocturnes et les nouvelles habitudes de Suzanne, de sa soeur et de son frère. 

Comme ils se sont tus durant les deux années d'occupation et sûrement les ont aidés à s'enfuir cette funeste nuit du 22 au 23 mai 1944, il fallait qu'il y ait une cohésion totale de la communauté. 

Les personnes âgées dominent et il y a tout de même plusieurs familles originaires d'autres pays, Espagne, Russie.. Plusieurs conjoints viennent d'autres villages certains assez éloignés de Galié.

  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Fin de la rue des treize ponts, autrefois route départementale, manoir du XIXème siècle. Quartier de la Gau. Carte postale des années 1910.

En 1936, la commune de Galié possédait 47 maisons, habitées par 47 ménages. La population n'était pas très élevée : 126 personnes dont 113 français et 13 étrangers (espagnols, russes).

Le village était divisé en deux quartiers :

- celui de la Gau partant de la place et longeant la muraille de la forteresse et le canal jusqu'au moulin

- et celui de la Montjoie, partant du bas de la forteresse où se trouve la Porte de ville et rejoignant l'intersection avec la grande route au bout du plateau. Un grand nombre de maisons très anciennes l'occupent ainsi que des plus récentes bâties à la fin du 19ème siècle par les cadets revenus au pays riches et importants.

Nous allons parcourir uniquement l'environnement urbanisé autour de la maison Agasse puisque les maisons ne se suivent pas en une ligne continue.

Les groupes de maisons sont séparés par des espaces soit boisés (vergers), soit cultivés : jardins, petits champs de maraîchage.

Dans le recensement, les maisons ont reçu un numéro qui correspond à la rue où elles se trouvent.

Nous allons donc relever celles qui étaient les plus proches de la maison Agasse, soit du numéro 24 au numéro 40. Le 24 étant situé à la suite de la dernière maison du quartier de la Gau, soit le 23 et est donc le premier du quartier de la Montjoie où l'on recense : 24 maisons, 24 ménages,

Beaucoup d' habitants sont assez âgés et il y a peu de jeunes.

Abrévations : F = français, E = espagnol, R = russe, sp = sans profession, pr.exp = propriétaire exploitant

24 - Abadie Marcel né en 1875 à Galié, de nationalité française, propriétaire exploitant

25 - Bordères Jean né en 1878, né (? illisible) mais pas à Galié pr.exp époux de Bordères-Fontan Bertrande née en 1876 à Saint-Bertrand

26 - Santos Augustin né en 1906 en Espagne (illisible) et de nationalité espagnole, manoeuvre aux Fours à Chaux Couret à Izaourt. Epoux de Santos (?) Maria née à Ampuras en 1903, en Espagne, sans profession et de nationalité espagnole.

Santos Jean né en 1928 à Ampuras, E

Santos Adolphe né en 1930 à Cierp, E

Santos Roger né en 1932 à Cierp, E

Santos Louis né en 1935 à Galié, E.

27 - Ousset Gaston né en 1882 à "Jura" ? français époux de Ousset-Sandinos Zélie née à Juzet en 1888, F.

28 - Martin Pierre né en 1857 à Galié pr.exp père de Martin Gérard né en 1898 à Galié, pr.exp, F.

29 - Louantain Serge né en 1878 à Saragosse, espagnol, cordonnier

30 - Despouy-Pomian Christine née en 1889 à Aveux, institutrice, tante  de Pomian Jean, né en 1924 à Aveux, sp, français tous les deux

31 - Tourmo Gunac (?) Elisa, née à Galié en 1860, française, sp, mère de Tourmo Damien, né à Galié en 1897, espagnol, sp.

32 - Lamane-Bouche (?), né en 1858 à Frontignan, F, sp, père de Lamane Joséphine née en 1889, sp, F.

33 - Bouche Baptiste né en 1878 à Galié, F, pr.exp, époux de Bouche-Lamole Angèle, F, née en 1889 à Galié, cultivatrice de son mari, française parents de :

Bouche Jeanne née en 1922 à Galié, F

Lamole Maria née en 1887 à Galié, F, sp, et soeur d' Angèle, vit avec eux.

34 - famille Agasse (voir plus haut), F, 

35 - Turine (? peu lisible) Séraphin né en 1887 à Pétrograd en Russie, R, peintre, oncle de Jérémief (idem) Tatiana, née en 1895 à Kiev en Russie, sp, R.

36 - Descaillaux Alexandre né en 1863 à Galié, F, pr.exp, époux de Descaillaux-Deu Félicie née en 1863 à Galié, F, cultivatrice de son mari, parents de Descaillaux Jeanne, née en 1910 à Galié, F, sp.

37 - Lamole Alexandre né en 1891 à Galié, F, pr.exp, époux de Lamole-Verdier Maria, née en 1899 à Lombrès, ouvrière agricole de son mari. Parents de Lamole Pierre, né à Galié en 1924, F, sp.

38 - Ferran François né en 1859 à Galié, F, sp, époux de Ferran-Froment Lucie, née à Galié, F, sp. Sans doute aussi âgée que son mari.

39 - Pradère Baptiste, né en 1874 à Ardiège, F, prêtre, frère de Pradère Louise née à Ardiège en 1877, F, sp.

40 - Langevin Jean né à Paris en 1871, F, sp, époux de Langevin-Bouche Antoinette, née à Galié en 1888, sp, F.

La moyenne d'âge est vraiment élevée...

Huit années plus tard, en 1944, la population n'était pas tout à fait la même:

- les hommes en âge d'être  mobilisés en 39 étaient prisonniers en Allemagne

- il y avait eu peut-être quelques décès dus à l'âge et aux maladies mais peut-être aussi que ces vieillards étaient en très bonne santé. (Voir Etat-Civil).

- les jeunes avaient grandi et les garçons avaient sûrement rejoint les maquis comme partout dans tous les villages, soit par conviction soit pour échapper au STO

- mais l'esprit de communauté solidaire et fraternelle avait pris toute son ampleur et si la Résistance avait posé son point de chute dans ce quartier et dans cette maison, c'est parce que le voisinage était de confiance. Tout le monde savait mais se taisait.

- dans le quartier de la Gau, excentré, il ne devait pas y avoir grand monde à savoir mais eux aussi étaient taiseux...

Alors QUI a dénoncé le passeur Bordes et la famille Agasse juste au moment où les nouvelles se faisaient alarmantes du côté des Alliés ?

Ce ne peut être qu'une vengeance ...

Mais bien sûr, un jour, les langues finissent par se délier et la vérité est à present  connue. Nous sommes désolés mais parce que les descendants des traítres ne sont coupables de rien, nous tairons son nom.

 

                                                    🌿

 

  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Photo téléchargée du site Fr.dreamstine.com, photos images libres de droit. Photo d'un général nazi attendant quelqu'un près de sa voiture. Même sans arme, il fait peur. 

  4 - Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Années 1930 : la nouvelle route vers Mont-de-Galié. On voit en bas à droite le quartier de la Gau et au premier plan du centre à l'extrême gauche, les terrains occupés par les Allemands avant de quitter la région en fin juillet, début août 1944.

 

Dans la petite maison Agasse, la peur est à son comble. Un coup d'oeil rapide au travers d'une fente du volet et le passeur Bordes évalue en un éclair la situation : ils sont pris au piège, ils ne peuvent pas sortir par la rue pour rejoindre le chemin actuel du Goutil qui file vers le Pujo. 

De l'autre côté, vers l'ouest, il y a bien un potager, l'étable, la basse-cour et un verger  puis des champs clôturés de haies cachant les maisons construites sur la butte jusqu'à la Garonne. Mais les Allemands sont peut-être sur la route pour pallier à l'éventualité d'une fuite par la plaine.

C'est là, je pense, qu'un voisin est venu les avertir en passant par les clôtures (posées en haut de l'extrémité du plateau) des vergers et jardins qui se suivent, plutôt "passoires" à cette époque-là, que la voie était libre...

C'est par là qu'il faut fuir. Vers la Garonne.

La Garonne (2) est le salut car les "amis" doivent être déjà en place venus de Bertren et de la montagne de Bagiry pour les réceptionner.  Les pluies du printemps l'ont faite grossir mais certains endroits sont faciles à traverser comme le gué près du chemin d'Artigaou ! Aucune crainte à avoir, les "amis" sont cachés dans les Bernissats, dans les champs et dans les fossés de la voie ferrée. Ils sortiront au moment venu.

Mais on n'en est pas encore là. Les SS hurlent comme à leur habitude, ouvrent le feu sur la façade de la maison. 

A l'intérieur, les quatre hommes sont armés et répliquent quand la porte  est enfoncée. Les SS reculent. Dethlefs hurle des ordres à ses hommes. Les tirs sont nourris, les grenades dégoupillées.

Les Résistants protègent ainsi la fuite des femmes et des enfants par la porte de derrière donnant sur le verger, aidés, on ne le répètera jamais assez, par quelques voisins courageux vers le canal et la route.

La jeune Marie Salinas, complètement affolée, ne comprend pas que le salut est par là.

D'un bond, elle franchit la porte d'entrée enfoncée se frayant un passage entre les allemands  et les balles tirées de part et d'autre. Elle court dans la rue mais elle est cueillie au passage par Dethlefs lui-même qui la ramène malgré ses cris et ses protestations, vers la maison Agasse. Il la laisse sous bonne garde et repart à l'assaut de la maison d'où sortent encore des tirs nourris empêchant les Allemands d'entrer.

A l'intérieur, Suzanne a perdu du temps en montant à l'étage pour chercher sa petite fille qui n'est plus dans son berceau.

Sa mère Victorine et sa soeur Paulette l'ont évacuée en même temps que les deux dernières petites filles qui dormaient, dès que les Allemands ont commencé à hurler et à tirer.

Elles sont sorties par la porte de derrière tandis que les hommes protégeaient leur fuite.

Suzanne, voyant les chambres vides comprend qu'elle doit partir vite, la porte est enfoncée et les hommes l'appellent. Elle n'a pas le temps de les rejoindre car Dethlefs l'aperçoit et jette sur elle et dans tous les coins, grenades sur grenades. Ses hommes continuent de tirer par la fenêtre et par la porte.

Elle ne meurt pas tout de suite. Elle crie à son frère et au passeur de partir vite, de la laisser, la vie est finie pour elle, elle le sent, elle le sait et il ne faut surtout pas que les SS les prennent !

La mort dans l'âme, les quatre hommes, après un dernier tir qui maintient Dethlefs et ses sbires à distance, fuient par le verger vers la butte. Suzanne respire encore lorsque les allemands entrent dans la maison. 

Les fuyards sont déjà loin, réceptionnés par les "amis" au bas de la butte sur la route et mis à l'abri. On ne sait pas où mais il est fort probable que les maquisards leur ont fait traverser la Garonne et qu'ils ont vite rejoint la montagne dans le quartier de Mélède où l' on peut facilement se cacher.

On peut supposer qu'ils sont restés là durant quelques heures puis qu'ils ont été pris en charge par les Résistants qui les ont éloignés et mis en sécurité.

Quoiqu'il en soit, ils ont été sauvés.

Tous espèrent que Suzanne a pu s'en sortir mais au fur et à mesure que passe le temps, l'espoir s'envole.

Suzanne est morte pour ce en quoi elle croyait : la liberté !

Les allemands trouvent la maison vide, Dethlefs enrage, il fouille, fouille, donne au passage un coup de pied sur le corps de la jeune femme qui agonise. 

Dans le quartier, les habitants sont tirés de leur maison sans ménagements. Le maire, braqué par un soldat et sa mitraillette, est là, malheureux, se demandant si toute la maisonnée a pu être sauvée. Il ne comprend pas l'allemand. Les cris terrorisent tout le monde. Dans le reste du village, les gens se terrent apeurés.

Mais prêts à s'enfuir dans la montagne par le vieux quartier médiéval, vers le chemin de Ségalas et vers l'ancien chemin  de Mont-de-Galié. Ils savent tous où se réfugier pour que les SS ne les retrouvent pas. Et dans le Pujo, jamais les allemands ne s'y risqueront : les montagnards sont les maîtres chez eux ! (3)

En face, Bertren et Bagiry sont aussi sur le pied de guerre. Ils savent que les nazis ne traverseront jamais la Garonne car ils seraient des cibles trop faciles. Ce qu'ils craignent par-dessus tout c'est qu'ils mettent le feu au village... alors ils se préparent.

Eux, connaissent les endroits du fleuve où l'on peut traverser sans crainte de se noyer. Aussi, pelles, pioches, fourches, seaux sont entassés et portés vers les fourrés des Bernissats pour Bertren et vers l'ancien port à Bagiry en cas que....

Au village, les cris et les tirs de mitraillettes se sont tus. Les Allemands dépités et fortement en colère, surtout le sergent Dethlefs qui n'arrête pas de vociférer, n'ont plus qu'à s'en aller. Marie Salinas est jetée sans ménagements dans une voiture, un fusil braqué sur elle par un SS fortement énervé...

Dans un bruit de moteur infernal, les  pieds enfonçant l'acélérateur pour effrayer encore plus la population, ils descendent la rue, se retrouvent sur la route et filent  vers Luchon sans prendre de précautions. Au contraire. Chaque habitant de chaque village traversé doit savoir ce dont les SS sont capables... 

Depuis les montagnes, les maquisards les regardent passer. Ils n'ont qu'une envie : leur tirer quelques balles et en tuer au moins un si c'était possible. Mais les ordres sont formels : on n'engage pas de combat, les vallées sont trop resserées, les villages trop groupés et nombreux, donc on ne tente pas le Diable et on les laisse passer !

Il doit être environ 2 heures du matin et à Galié, dans l'ombre  de la nuit printanière parfumée à souhait, les habitants marchent sans bruit dans les ruelles, rasant les murs pour passer le plus possible inaperçus. Ils vont jusqu'à chez Agasse, se réunir, être ensemble, ils vont redonner à Suzanne sa dignité perdue sous les balles ennemies.

Les hommes la portent dans une maison amie et l'allongent sur un lit. Les femmes lui ferment les yeux qui ne regardent plus que le vide puis lui font la toilette des morts, la parent d'une jolie robe et lui arrangent ses beaux cheveux bruns. Un chapelet est posé entre ses mains nouées. Le prêtre récite ses prières, les ménines (dames âgées) l'accompagnent.

Le maire et son conseil vont se charger d'avertir sa famille puis de son inhumation. Un jeune est dépêché pour la retrouver le plus vite possible car peut-être, oui peut-être, sa maman au moins pourra venir l'embrasser... Mais cela n'est pas sûr, elle sera en danger....

Ils ferment comme ils peuvent la porte et la fenetre explosées au rez-de-chaussée puis après s'être assurés que les animaux à l'étable et à la bergerie vont bien, le maire demande à ceux qui sont restés, de rentrer chez eux.

On verra bien ce qu'il se passera demain !

Cette nuit du 23 mai va être courte, il faut, en temps normal, être debout à 6 heures pour la première traite.

Mais ce matin-là, ne sera pas comme les autres. Alors que tout le monde pense que les SS ne reviendront pas, ils déchantent vite : des voitures viennent de rentrer dans le village à toute allure faisant crier les moteurs pour bien réveiller les habitants et elles s'arrêtent devant la Montjoie, bloquant à nouveau la rue.

La veille, pour mener à bien la sanglante expédition, Dethlefs était accompagné de ses subordonnés de la greinzpolizei : Faber, Ernst Hetsch, Kaiser, Ernst Butner, Seliger et Grosbos.

Les douaniers allemands s'étaient joints à eux : Schultz le capitaine chef de poste des douaniers de Luchon, Haoushin, sous-lieutenant, Zink Jean, interprète (prénom francisé dans les archives militaires tout comme celui de Dethlefs), Netcher, Watterroth François (Franz).

Ce matin 23 mai à 7 heures, Dethlefs et sa bande de la veille sont accompagnés d'un renfort de douaniers allemands. D'où venaient-ils ? Cela n'est pas mentionné mais le fameux sergent avait sans doute préféré prendre ses précautions.

Il n'avait qu'une peur celle de se faire prendre au piège par ces montagnards  plein de morgue, façonnés par les montagnes abruptes, sombres, sauvages. La configuration du village pouvait s'avérer dangereuse car personne ne savait QUI se trouvait dans les maisons ! Les fouiller toutes ? Oui, mais quand ils y entreraient, elles seraient désertées....

Le capitaine Schultz et le sergent/commandant Dethlefs dirigent le pillage de la maison Agasse. Ils vont jusqu'à l'étable mais ne peuvent pas emmener quatre vaches sur l'ensemble du troupeau.  Le maire, Mr Despouy, réquisitionné pour l'occasion, effaré par tant de violence, se voit "confier" en fourrière les animaux en attendant que des "amis" viennent les chercher.

Dethlefs fait aligner le maire, les conseillers et les voisins, tout comme Marie Salinas qu'il ne lâchait pas, contre le mur de la rue et avertit tout ce petit monde, par l'intermédiaire de son interprète, qu'il va mettre le feu à la maison.

Il donne l'ordre à l'un des officiers de la greinzpolizei. Puis, alors que le brasier lançe des flammes immenses vers le ciel, que les bertrennais et les bagyrois voient de loin, il s'adresse à Mr Despouy et dit : "Voilà comment nous procédons, nous les Allemands".

 

Puis ils s'en vont, n'oubliant pas Marie Salinas qui proteste toujours et est fortement molestée. Le silence qui retombe une fois les voitures éloignées, est troublé par les cloches sonnant le tocsin. Elles appellent à éteindre l'incendie pour qu'il ne se propage pas aux autres maisons.

Mais les habitants de Galié comme ceux de Bertren et de Bagiry, n'ont pas attendu qu'il les appelle, ils sont déjà là avec des seaux, des pioches et des pelles.

Très vite, le feu est éteint et les maisons adjacentes sauvées. Quelques dégâts bien sûr mais surtout beaucoup de peur. Et de peine.

Juin passa et Dethlefs continua à faire régner la terreur surtout à Bertren et oublia, si l'on peut dire, Galié et le quartier de la Montjoie.

Bordes, le fameux passeur, lui avait échappé mais il se calma tout de même parce que entre temps, les Alliés avaient débarqué en Normandie et les nouvelles étaient mauvaises pour les Allemands.

Et même si l'infâme Division Das Reich, basée à Montauban,(4) avait  envoyé sur la Bigorre une escouade d'assassins pour tenter par tous les moyens de détruire le plus possible de maquis, avait redonné du baume au coeur des SS, ceux-ci savaient qu'ils allaient partir mais qu'ils devraient - avant le grand départ - avoir un point de chute.

Et où serait celui qui leur garantirait la plus grande sécurité ? A Galié bien évidemment...

Car ce goulet sans passage sur la Garonne était l'endroit rêvé : ils pouvaient voir très loin ! Toutefois les maquisards, eux aussi, pouvaient suivre tous leurs mouvements... depuis les montagnes du Gert et du Picon ... en face !

Dethlefs n'a jamais, sauf une ou deux fois, avoua-t-il lors de son procès, demandé à ses supérieurs à Toulouse d'engager des opérations de ce type sur la région qu'il commandait. Il savait très bien qu'on lui refuserait les autorisations nécessaires car elles étaient beaucoup trop dangereuses pour les allemands.

Déterminé et nazi jusqu'au bout, il ne faisait que ce dont il avait envie.

Le 6 juillet, alors que son départ programmé et secret vers l'Espagne était proche, que les militaires des différentes kommandanturs avaient reçu, tout comme lui d'ailleurs, l'ordre de remonter vers la Normandie,

qu'ils allaient de ce fait s'installer à Galié pour mieux s'organiser 

(- soit pour passer en Espagne mais avec les maquis, ce n'était pas gagné d'avance,

- soit plus sûrement pour partir vers Toulouse par les petites routes afin d' éviter les mauvaises rencontres),

sur le domaine d'un riche propriétaire foncier, il ne put s'empêcher de vouloir récupérer les quatre vaches de la famille Agasse.

Arrivé chez le maire Mr Despouy, il eut une très désagréable surprise : le maquis les avait "volées" ! Fou de colère, il en fit embarquer une de Mr Despouy et une d'un voisin, Mr Ispay.

Il n'avait pas oublié les vaches mais il n'avait pas oublié non plus d'envoyer Marie Salinas en déportation alors qu'elle n'avait jamais fait partie de la Résistance !

Il n'en avait pas reçu l'ordre de ses supérieurs vu qu'aucune condamnation n'avait été prononcée contre elle mais il le fit tout de même !

C'était ça, le sergent Dethlefs dit Cou de Cigogne, commandant de la Greinzpolizei de Luchon...

Piètre stratège militaire imbu de lui-même et donc encore  plus dangereux, irrespectueux envers ses supérieurs, on peut se demander comment il était arrivé à une si haute fonction.

Il en est de même pour les autres....

Car monter une telle opération en bloquant seulement l'accès à la maison dans la rue principale du village sans penser une seule seconde à faire de même sur la route ou bien sur le canal pour empêcher toute fuite vers la Garonne, il faut vraiment manquer de réflexion ... 

Mais cela a permis aux Résistants d'être sauvés et c'est bien l'essentiel !

 

                                                    🌿

 

Je m'arrêterai là car je ne connais pas la suite en ce qui concerne la famille Agasse. Ni celle du passeur Bordes qui n'était pas de Galié et qui avait dû suivre les maquis vers Tououse... D'où était-il ? A ce stade de l'enquête, nous ne le savons pas.

Ce que je sais, c'est que la maison brûlée resta longtemps ainsi, rare témoignage de la barbarie nazie dans notre région. Puis un jour on apprit qu'elle avait été vendue et qu'on allait la rebâtir.

Il n'existe plus aucune trace de ce jour funeste, sauf le nom de Suzanne sur le monument aux morts.

Après 1946 et le retour des collabos, un silence de plomb tomba sur cette période de notre histoire. Seuls les hommes en parlaient à voix basse à la veillée. Curieuse comme je suis, alors que notre mère nous avait envoyés dormir, je me relevais doucement et assise sur une marche de l'escalier, j'écoutais passionnément sans bouger pour ne pas me faire prendre.

Ils parlaient gascon mais ce n'était pas un obstacle, on le comprenait très bien malgré que l'on nous avait interdit d'apprendre à le parler, ordre de mémé Félicie ! On ne pouvait qu'obéir et c'est dommage... Mais par respect pour maman, ils parlaient aussi français... 

Voilà comment j'ai connu cette histoire commentée quelques décennies plus tard par les Baroussais qui m'ont raconté "leur" guerre, leur engagement. (5)

Seules quelques "vieilles" personnes de Galié ont osé dans les années 60 ou 70, me raconter des bribes de ce jour funeste.

Ce dont je me souviens bien, c'est ce que m'a dit une dame très âgée :

" Tout ça c'est la faute de Suzanne, c'est bien fait ce qui lui est arrivé, une femme ne fait pas ce que font les hommes surtout quand elles ont des enfants. Elle a failli faire brûler tout le village et tuer tout le monde, et pourquoi ? Pour chasser les Allemands ? Mais qu'est-ce que ça pouvait lui faire qu'ils soient là ou pas ! Tout est de sa faute et celle de sa famille qui l"ont suivie dans la Résistance."

Je me souviendrai toujours de cette phrase laquelle m'avait profondément choquée mais en réfléchissant bien, on peut imaginer que le ressentiment de cette "vieille femme" venait de l'immense peur qu'elle avait éprouvée ces 22 et 23 mai 1944. Et puis elle, elle avait été toujours soumise au pouvoir des hommes, alors...

Peut-être aussi qu'ON lui avait dit de raconter cela...

Mystère....

 

Merci Madame Suzanne Agasse de votre engagement et de votre passion pour la liberté. Nous ne vous oublierons pas.

 

🌿

 

J'associe à cet hommage le souvenir d'une autre femme, Marie Salinas, l'amie de Suzanne venue en vacances dans la famille Agasse et qui s'est retrouvée dans l'enfer des camps de concentration sans avoir été jugée et condamnée. (6)

 

Jackie Mansas

01/01/2022

NOTES

 

Recit de l'opération proprement dite, écrit à partir des comptes-rendus des archives militaires déclassifiées et des divers témoignages reçus auprès des habitants de Bertren (essentiellement) puis des anciens résistants baroussais.

 

1- archives départementales de la Haute-Garonne en ligne : recensement de 1936 côte 6M546007

2 - pour comprendre ce passage, il faut faire abstraction du paysage d'aujourd'hui car totalement différent de ce qu'il était à l'époque.

La route actuelle devenue nationale n'existait pas en l'état elle faisait moitié moins de sa largeur. Il était difficile pour deux camions par exemple de se croiser mais des camions de l'époque, pas les camions espagnols d'aujourd'hui, monstrueux de longueur et de poids. De plus, elle était creusée de nids de poule à faire éclater les pneus !

La Garonne n'avait pas non plus la même configuration, il n'y avait pas ces trous d'eau profonds mais le lit était stabilisé par des surfaces planes de galets.

Elle s'étalait et laissait derrière elle après chaque montée des eaux, des îles et des plages de sable et de galets.

A l'endroit du gué d'Artigaou, les hommes d'autrefois avaient réussi un travail de Titans lors de l'étiage, pour étaler sable et galets sur toute la largeur du lit afin que l'on puisse passer mais à côté, une vieille barque du temps d'avant la passerelle (emportée par la crue de 1936), servait encore pour traverser. (témoignage de mon père)

A l'endroit de l'ancien port de Bagiry, il reste encore une partie du même ouvrage sur une très grande surface qui permettait de passer sur la rive de Galié. Tout comme, à l'embouchure de l'Ourse et de la Garonne à Izaourt, c'est très visible à l'endroit de l'ancien port. Il est fort probable que si l'on pouvait retrouver en longeant les rives du fleuve l'endroit exact du port de Loures, on retrouverait le même ouvrage sous l'eau.

Le paysage a changé quand Mr Estoup de Galié a installé son entreprise de draguage dans les Bernissats de Galié et Bertren pour extraire du sable de la Garonne. La Garonne se retrouva plus calme et mieux encadrée lors des fortes pluies car côté Pujo, donc rive droite, la profondeur du lit est énorme par endroits. Il en fut de même au pont d'Ore/Saléchan lorsque Mr de Nardin d'Esténos installa lui aussi une entreprise de draguage, sable et galets.

Nous entrions dans l'économie industrielle mais le sable de la Garonne a toujours été exploité dans les Bernissats depuis des temps immémoriaux. Dans les années 60-70, il y avait encore un wagonnet rouillé renversé près d'une sorte d'habitation en pierres écroulées.

Un agriculteur de Bertren avait récupéré des morceaux de rails et deux wagonnets qui avaient résisté à l'usure du temps. 

Donc en lisant mon récit, imaginez une Garonne large, avec des îles embroussaillées, des plages de sable et de galets, des marécages et autres trous d'eau ainsi que des passages de galets, recouverts en partie par quelques centimètres d'eau. Moins d'arbres dans les bosquets et peu le long des rives mais des haies partout bordant les champs et les prés.

3 - un témoignage : les SS que ce soient ceux de la gestapo ou bien des kommandanturs ou des douanes, ne partaient jamais dans les montagnes sans être sûrs de savoir où ils allaient et ils s'y rendaient en nombre.

Dans le Burat, un délateur avait dénoncé un passeur et donné la date d'un de ses passages de nuit avec un petit groupe de réfugiés. Trois jeunes allemands peu aguerris et sans doute pas assez avertis des dangers en montagne, entreprirent de les arrêter tous seuls.

Ils partirent sur les sentiers mentionnés mais longtemps, longtemps dans les jours qui suivirent, leurs collègues les attendirent... Non ils n'avaient pas déserté mais repérés par le passeur et son groupe, ils disparurent sans laisser de traces... 

Voilà : il y a tant de trous profonds à retrouver et à explorer dans les Pyrénées et ça, ils ne le savaient pas.... Les Anciens connaissaient leurs emplacements par coeur !

4 - j'ai pu consulter dans des archives privées, un document non signé qui mentionne à Luchon durant l'Occupation, l'existence d'un groupuscule - peut-être non militaire - qui avait pris le nom de "Das Reich". Qui en étaient les membres et quelles étaient leurs fonctions ? Personne ne sait ou bien ne veut parler mais de cette époque, il ne reste plus grand monde et si c'était une société secrète, il est normal que personne n'en connaissait l'existence. 

5 - et le déclassement des archives par le président Hollande : une mine de renseignements ! Pour les Baroussais, chercher dans les premiers articles sur l'Ocupation vu que j'avais promis de raconter "leur" guerre, leurs témoignages.

6 - libérée en 1945, elle témoignera lors des procès de Karl Dethlefs à Bordeaux en 1949 où il fut condamné à mort pour crimes de guerre entre autre, puis en appel à Paris en 1950 où il ne fut condamné qu'à 5 ans de prison qu'il ne fit jamais et à une amende qu'il ne régla jamais parce qu'à l'issue du procès, il fut raccompagné en Allemagne. De chef nazi, il redevint représentant en minoterie à Brême, sa ville natale....

 

* la porte de la forteresse était appelée par les Anciens de Galié, la Portasse rapportent les habitants d'aujourd'hui descendants des très vieilles familles. Ils ajoutent qu'ils trouvent ce nom péjoratif et "pas joli". Alors, ce nom peut-être à première vue péjoratif et pas joli vient du gascon portà qui peut dire porte. D'où vient alors "asse" ou ace ou as ? 

On ne connaît pas l'orthographe d'origine. Ce suffixe ne peut pas être péjoratif pour la bonne raison que Galié étant depuis les romains, un fort militaire, sa princiale porte de ville défensive ne pouvait pas recevoir un patronyme péjoratif.

Mais il faut simplement revoir la configuration des lieux. Cette porte permet d'entrer dans la forteresse en venant des routes ou de la Garonne. Elle est défensive.

Il devait y en avoir deux autres, une à proximité du château-fort plutôt caserne qu'habitation seigneuriale, au niveau de l'église actuelle qui n'était à l'époque où la langue gasconne fut fixée, qu'une chapelle castrale.

Derrière elle sur la pente, face à la plaine de Marignac (tour de guet et à signaux) jusqu'à Burs et Saint-Bertrand, le donjon : sans doute protégé par la pente mais la disposition des murs qui restent laisse à penser qu'ils bloquaient le chemin pour accéder à l'édifice.

Ces deux lieux-dits portent un nom ancien que les descendants des très vieilles familles doivent avoir gravé dans un petit coin de leur mémoire.

Donc, la première avait une importance capitale. Son nom réel est lo portàs ou portas qui veut dire la première des trois portes, la principale. Ce n'est absolument pas péjoratif et ne se prononce pas Portasse. Il faut prononcer le as de façon légère  et au son montant.

Donc aucun souci à l'inscrire sur un panneau. Par contre, rechercher les autres, nettoyer les environs du donjon  car laisser toutes ces murailles sous les ronces et les arbustes n'est pas très bon pour leur conservation. Si on pense qu'il faut préserver la biodiversité de la petite faune et de la flore dans ce quartier, c'est une grossière erreur, il n'y a plus aucune vie sans lumière. Par contre interdire l'accès bien sûr car le piètinement n'apporte rien de bon.

Donc les suffixes as, ace viennent du latin ax, acis qui expliquent un état de fait et ne sont absolument pas péjoratifs.

Par contre le suffixe déformé, pourrait-on dire asse est lui péjoratif.

Une porte de ville d'une forteresse, défensive de surcroît, ne peut en aucun cas recevoir un nom péjoratif, c'est simplement une déformation de prononciation dû à l'accent lors du passage du gascon au français.

 

Sur le site suivant :

www.orthodidacte.com, nous trouvons des explications sur d'autres orthographes.

 

"ADJECTIFS SE TERMINANT PAR -ACE OU -ASSE

Comment écrire les adjectifs se terminant par le son [as] ?

La difficulté

Les adjectifs se terminant par [as] s’écrivent tantôt aceace, tantôt assea, deux se.

Terminaison en ace

Parmi les adjectifs en aceace, on trouve fugace, qui signifie « passager, éphémère », loquace, qui signifie « bavard », efficacesalace, qui signifie « obscène », sagace et perspicace, qui signifient tous deux « clairvoyant », pugnace, qui signifie « combattif », vorace. Ces adjectifs ont un point commun : ils viennent tous du latin et ont tous, en latin, la terminaison axacisCoriace, lui, vient d’un mot latin ayant une autre terminaison.

Terminaison en asse

Quant aux adjectifs en assea, deux se, ils ont presque tous été construits à partir d’un adjectif existant en lui adjoignant le suffixe péjoratif asse. Mentionnons notamment ceux issus d’adjectifs de couleur : marronnasse (attention aux doubles consonnes rrnnss !), beigeasseblondassejaunasse. N’oublions pas non plus fadassetiédassemollasse (avec deux l). Échappent à ce schéma adjectif existant + suffixe péjoratif les mots suivants : fumasse, « furieux », dégueulassecocasse, « drôle », et bonasse, avec un seul n, qui signifie « trop bon, jusqu’à en être faible », même si le sens de ces adjectifs n’est pas pour autant mélioratif !

 

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