Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...
Une photo ancienne de la Faculté de Lettres de Toulouse dans le centre ville. Elle a eté transférée au Mirail au début des années 1970. Durant des siècles, cette université a formé des milliers de jeunes hommes jusqu'à la fin du 19ème siècle. Puis les jeunes filles ont pu profiter de cet enseignement. Oui, là, comme dans toutes les universités de France comme dans tous les pays, des passionnés d'Histoire et Géographie ont planché afin de transmettre la Mémoire du passé. Photo trouvée sur internet.
Et la voilà maintenant toute ultra moderne et ayant changé de nom. De Toulouse le Mirail, elle est devenue Jean-Jaurès, en hommage à ce grand homme. Tous les ans, des jeunes passionnés et des moins jeunes y viennent apprendre entre autre matières, celle de l'Histoire. Et c'est du boulot !
En ces temps de fin de civilisation,
les profs sont honnis.
Pourquoi ? dirait l'incrédule.
Ecoles de filles et de garçons d'autrefois. Les élèves ont un respect profond pour l'enseignement et surtout pour l'enseignant qui l'incarne. Mais pas de mixité sauf dans les petites communes. Au collège et au lycée, c'est totalement interdit. Mais...
Ils éveillent les esprits de tous les enfants et de tous les adolescents, quels que soient leur origine ou leur situation, au monde de demain.
Un monde que ces futurs adultes devront façonner à leur manière, plus ou moins bien, comme l'ont fait leurs prédécesseurs. Cela influencera leur façon de voter, surtout, et leur façon de vivre, vers Money à gogo or not Money ? Vont-ils choisir d'accumuler des fortunes dans des comptes cachés et se croire supérieurs à ce qu'ils ne sont pas, ou bien de vivre paisiblement selon des valeurs de partage et de respect du Vivant ?
Je peux paraître une vieille rabat-joie, mais pensez-vous vraiment que je me trompe ?
Demain s'annonce déjà différent...
Cela se voit au nombre croissant de diplômés des Grandes Écoles et des Universités, venus du "monde populaire", qui renoncent à un travail bien payé et à un milieu que l'on peut dire bourgeois, où ils ont accédé mais où ils ne se sont jamais sentis à leur place. Cela témoigne, dans leur classe sociale, que notre civilisation fondée uniquement sur la possession et le pouvoir qui en résulte est en déclin.
Sans parler du look... bien sûr.
Issus de la classe populaire, ils ont connu la mobilité sociale ascendante (1) et se sont souvent heurtés au mépris des classes aisées de longue tradition. Moins bien formés, privés de savoirs car la culture orale s'est perdue dès le milieu du XXème siècle, tout comme la lecture, ils ont constaté que les valeurs de leur enfance n'étaient plus partagées par le reste de leur milieu d'origine. Ils ont développé une vaste culture par goût personnel et non par conformisme.
Au lieu de rester dans les grandes villes, ils ont choisi de retourner chez leurs parents, surtout dans les zones rurales. Certains ont repris l'exploitation familiale, malgré la déception de leurs proches qui leur avaient souhaité un avenir brillant, d'autres ont créé une entreprise, un commerce, un métier d'art…, etc.
Leur motivation principale était de mieux vivre : respecter la planète et l'humanité, car leur expérience leur avait donné une conscience aigüe des valeurs humanistes. Grâce à leur niveau d'études, les banques leur ont accordé plus de confiance et d'écoute. Ainsi, ils ont contribué au développement économique de leur région.
Ils gagnent moins, ils côtoient des gens qui n'ont pas leur culture, mais ils sont sereins car ils sont intégrés, appréciés et reconnus à leur juste valeur. Et puis ils sont revenus dans le monde de leur enfance, ce qui compte beaucoup pour eux et leurs familles. La transmission…
On ne se débarrasse pas aussi facilement que cela de son enfance…
Certains, issus du même milieu populaire, continuent leur ascension sociale mais demeurent des transclasses. Leur bonheur est-il plus grand ? La plupart se souviennent de leurs origines et tentent de trouver des solutions pour que la société progresse. Les autres, quant à eux, se transforment en requins avides de profits… Un peu ridicules, comme tous les nouveaux riches, bien qu'ils s'adaptent aux milieux bourgeois et aux codes hiérarchiques de longue date établis. Ils acquièrent ainsi le pouvoir, comme les bourgeois de toujours, de ne plus voir la réalité, voire même de la nier, pour simplement préserver leurs existences privilégiées.
Certains transclasses, qui ont suivi des études conduisant à une profession très gratifiante et très bien rémunérée, abandonnent leurs rêves d'enseigner un jour leur matière favorite. À un moment donné de leur vie, ils ressentent le besoin de réaliser cette aspiration d'enfance et retournent avec enthousiasme à l'Université. Ils sont conscients qu'ils vont gagner moins d'argent, qu'ils vont rencontrer des difficultés, qu'ils vont affronter des élèves qui refusent d'apprendre et qui harcèlent le professeur, etc.
Mais ils sont tranquilles quant à leur statut social : ils resteront au même niveau. Il n'y aura pas de déclassement.
Les profs
Après le bac, la plupart des profs ont choisi ce métier par vocation, on peut le dire, tellement il faut de passion pour l'exercer.
Ils ont suivi des études difficiles, maîtrisé tous les savoirs requis, réussi les concours et ont débuté leur carrière dans les collèges, animés par l'envie de partager et de faire progresser "le Savoir" auprès de jeunes élèves, qui avaient quand même une certaine soif d'apprendre.
Ils ont vite déchanté sur la facilité d'enseigner.
Depuis toujours, ils ont pour objectif de transmettre les savoirs nécessaires mais ils se rendent compte rapidement que l’Éducation Nationale est une énorme machine qui devrait, on l'espère vivement, retrouver le prestige qu'elle a connu pendant plus d'un siècle, depuis sa fondation en 1881.
Ces jeunes enseignants sont conscients qu'ils vont intégrer un système plutôt dépassé qui devrait se réformer réellement dans la bonne direction, on l'espère toujours.
Ils savent que rien ne sera ni simple ni facile. Ni équitable et parfois très inéquitable.
Mais depuis quelques années, ils savent aussi qu'ils mettent leur vie en jeu. Samuel Patty, professeur d'histoire-géographie, l'a perdue parce qu'il enseignait une liberté fondamentale inscrite dans notre constitution et déjà proclamée en 1790 dans la première Déclaration des Droits de l'Homme : la liberté d'expression.
Dominique Bernard, professeur de lettres, l'a perdue parce qu'il voulait protéger ses élèves d'un terroriste qui cherchait un professeur d'histoire-géographie à assassiner.
Face à ces fanatiques, vestiges d'une société en décomposition, ils ont payé un lourd tribut.
D'autres profs sont insultés, bousculés, giflés, battus, agressés dans leurs classes, parce qu'ils font leur travail qui est celui d'éduquer et d'instruire les jeunes qui leur sont confiés.
Ces profs sont désormais conscients qu'ils devront peser leurs mots, car un petit groupe d'élèves entraînés aux mensonges destructeurs pourrait les déformer de la pire des manières. Il en va de même pour le moindre geste, le moindre regard, le moindre conseil ou reproche. Ils pourraient être accusés à tort alors qu'ils sont dans leur droit.
Enseigner est devenu un métier dangereux, uniquement parce que des individus malveillants savent propager et diffuser des idées haineuses.
Choisir d'enseigner n'est pas une décision anodine, la responsabilité est énorme, immense. Il s'agit ni plus ni moins de contribuer à former les futurs adultes qui prendront un jour les commandes du pays.
C'est le peuple travailleur qui constitue la base de la Nation.
C'est lui qui demande et obtient par la solidarité qui unit les hommes et femmes de bonne volonté, progressistes et humanistes, les droits que la Nation toute entière doit à ses travailleurs.
Et pourtant, il a rarement les honneurs de son pays.
Cependant, ce socle qui devrait être uni dans toutes ses actions et revendications, se fissure et part bien souvent dans une mauvaise direction.
Pourtant, il faut bien que l'on s'en persuade, sans lui, il n'y aurait ni travail, ni impôts, ni économie, ni liberté, ni progrès, ni République.
Ni démocratie.
A suivre
Jackie Mansas Cinotti
15/02/2025 (publication)
NOTES
1 -https://start.lesechos.fr/societe/egalite-diversite/transclasses-lascension-acceleree-de-ceux-qui-nont-pas-les-codes-1242329