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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


La fin des dinosaures 2017.... 4 Gaston Manent.

Publié par Jackie Mansas sur 30 Juin 2017, 23:07pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Gaston Manent se battra pour améliorer le sort des Anciens Combattants après l'armistice.

Gaston Manent se battra pour améliorer le sort des Anciens Combattants après l'armistice.

Biographies sommaires des deux élus baroussais du 20ème siècle, successeurs de Prosper Noguès, même tradition politique, même proximité chaleureuse avec les populations et même passion des Pyrénées....

 

Gaston Manent

 

1884-1964

Parti radical-Socialiste.

 

Gaston Manent et Mauléon-Barousse, une longue histoire familiale... Quartier Pont de Pierre, à gauche (ligne rouge).

Gaston Manent et Mauléon-Barousse, une longue histoire familiale... Quartier Pont de Pierre, à gauche (ligne rouge).

 

Enseignant, conseiller général du canton de Mauléon-Barousse, député, secrétaire d'Etat puis sénateur des Hautes-Pyrénées. A reçu la Croix de Guerre 1914-1918 et la Légion d'honneur en 1848.

 

Le 24 avril 1884, il naît dans la maison familiale du quartier du Pont de Pierre à Mauléon-Barousse, dans le foyer de Bertrand Manent, 41 ans  et de Magdeleine Sost, 38  ans. Il reçoit les prénoms de Jean, Marie, Gaston. Il a une soeur de onze ans son aînée Marie, née en 1873. Le père est aubergiste et sa mère, ménagère. La famille vit bien, dans le confort de l'époque et l'estime de tous. Dans le village, un homme, un instituteur dont la maman couturière de son état vit et exerce son métier, le dénommé Prosper Noguès, deviendra son modèle et le poussera à prendre sa relève en 1935 lorsqu'il laisse son mandat de député. 

Mais il s'engagera plus tôt en politique en briguant le siège de Conseiller Général de son canton natal dès 1928 à l'âge de 42 ans.

La fin des dinosaures 2017.... 4  Gaston Manent.

 

Cela ne se fera pas toutefois sans heurts car ils ont tous les deux des fortes personnalités et même s'ils sont autant l'un que l'autre des radicaux-socialistes convaincus, quelque part les rivalités les opposeront quelques fois.

Brillant écolier, avec l'assentiment de tous, il entre à l'Ecole Normale des garçons à Auch et devient instituteur à son tour mais à Tarbes.

Il est bel homme, pour son  époque, il est considéré comme "grand" car il mesure 1.64 m. Sur le registre matricule de l'année de son conseil de révision à Mauléon-Barousse, 1904, où il se présente, nous avons une description de lui : yeux marrons, cheveux et sourcils noirs, nez et menton rond, bouche moyenne et visage ovale. Il est déclaré bon pour le service mais est désengagé "décennal". En cette année, il est instituteur mais très vite, il décide de "monter" dans la carrière et se retrouve "professeur d'école primaire supérieure" au collège de Bagnères de Bigorre où il s'est installé depuis quelques années imitant en  cela même son illustre prédécesseur ! De ce fait, il a un niveau 4 d'instruction.

 

Sa carrière militaire et son engagement dans la Résistance.

 

Il est mobilisé en août 1914 avec le grade de sergent de réserve depuis le 15 septembre 1908. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire par décision du général Comman le 23 avril 1915.

 

C'est durant la bataille de Verdun qu'il disparaît le 3 septembre 1916 à Vaux-Chapitre, fait prisonnier avec son régiment par les Allemands pourtant en difficulté et envoyé à Mayence (Mainz en allemand). Il ne sera libéré que le 13 janvier 1919.

Pour sa conduite dans les tranchées, il reçut une citation le 3 février 1920 :

"Officier Grenadier d'un calme et d'une bravoure remarquable. En septembre 1916, à Vaux- Chapitre chargé avec sa section et les grenadiers de sa compagnie de tenir un point particulièrement menacé et soumis constamment à de violents bombardements, a su maintenir intact le moral de sa troupe et a réussi à repousser à la grenade de nombreuses attaques de jour et de nuit."

Il est promu lieutenant de la Territoriale par décret du 28 avril 1922.

Il revient de la guerre avec des séquelles de coliques néphrétiques et retrouva son poste d'enseignant à Bagnères de Bigorre où il habita à deux adresses différentes : rue de la république et rue Alphonse Cazes.

 

Dès la démobilisation, il s'engage aux côtés des Victimes de Guerre.

Les conséquences de la Grande Guerre sont effroyables, des milliers de blessés dont la plupart mourront de leurs affreuses blessures, des hommes jeunes mutilés, défigurés, qui seront poursuivis toute leur vie par des cauchemars... des familles brisées, ruinées, dont les souffrances morales ne cesseront jamais.

 

Décidé à aider ceux qui sont revenus et qui vivent plutôt mal que bien, il décide de créer sur Tarbes une permanence pour soutenir efficacement les Anciens Combattants :

- ils y trouvent tous les renseignements utiles à leur retour à la vie "normale"

- ils peuvent trouver des offres de placement

- pour aider les agriculteurs ayant subi les dommages de guerre, Gaston Manent leur fait octroyer par une caisse de caution subventionnée par le Conseil Général, lorsqu'ils sont rééduqués nécessiteux, un prêt agricole.

- en 1922, il préconise une collaboration entre les associations française d'anciens combattants : unis, on est plus fort.

- en 1923, il fonde "La Semaine du Combattant".

- en 1945, il préside la Fédération Départementale des Anciens Combattants et il est en même temps vice-président de l'Office Départemental des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

 

Gaston Manent a fait partie des 80 qui ont voté contre Pétain en 1940.

Gaston Manent a fait partie des 80 qui ont voté contre Pétain en 1940.

 

Les différents mandats de Prosper Manent à partir de 1928.

 

En 1928, Prosper Noguès, conseiller général du canton de Mauléon-Barousse depuis 1898, décide de passer la main à Gaston Manent, il le connaît bien, il travaille avec lui et a confiance en ses capacités de négociateur.

 

Gaston Manent sait que la Barousse lui est toute acquise, il est né à Mauléon, il y a grandi, sa famille y habite toujours et les baroussais ont confiance en Prosper Noguès. S'il leur dit que "Gastounet" comme ils l'appellent doit le remplacer, ils voteront pour lui en masse... et c'est ce qui se passe, il entre au Conseil Général et il y restera jusqu'en 1942. Il ne retrouvera son siège qu'en 1949 et il le quittera de lui-même en 1955 pour permettre l'élection du maire de Sacoué, Jean Sost, inspecteur du Travail, radical socialiste également. La Barousse étant le fief de ce parti depuis 1898, les sortants choisissent leurs successeurs afin que le siège ne soit pas perdu. Il le sera pourtant en 1971 avec l'élection de Louis Arcangéli - UDR -  puis de Pierre Baron - PS - en 1973.

 

Elle ne reviendra dans son giron qu'en 1979 avec François Fortassin.

 

Il a aussi un destin national à partir de 1935.

 

Cette année-là, Bertrand Nogaro, député radical des Hautes-Pyrénées, démissionne et Gaston Manent le remplace jusqu'aux élections législatives de 1936 où il est élu. Le 10 juillet 1940, avec 79 autres députés et sénateurs, il vote NON aux plein pouvoirs de Pétain.

Cet acte de courage sera la première manifestation de la résistance qui se concrétisera bientôt sur tout le territoire. Il faut préciser que le 20 juin 1940, l'appel du Général de Gaulle depuis Londres a remué les consciences ...

 

Alors que le gouvernement de Vichy a fait disparaître la République sur le territoire national, à Alger, l'Assemblée Consultative Provisoire siège du 3 novembre 1943 au 25 juillet 1994. Elle regroupe des délégués opposés à la politique de Vichy : résistants, sénateurs, députés, conseillers généraux.

 

Après la libération de Paris, elle vient siéger au Palais du Luxembourg à partir du 7 novembre 1944 et elle y restera jusqu'au 3 août 1945. Aux quatre catégories déjà citées, on y ajoute les représentants des prisonniers et déportés. Gaston Manent n'ayant pas pu se rendre à Alger comme beaucoup de ses confrères, en est élu membre au tire de parlementaire résistant.

 

Le Sénat disparaît pour faire place au Conseil de la république. Gaston Manent qui, entre temps, a pris la présidence de la Fédération Radical-Socialiste des Hautes-Pyrénées, se présente à l'élection comme candidat de ce parti en 1948 et est élu.

 

Au Palais du Luxembourg, au sein du groupe "gauche démocratique", il s'engage sur plusieurs fronts dans les Commissions où il siège :

- éducation nationale, beaux-arts, sports, jeunesse et loisirs .

- victimes de guerre tant 1914-1918 que 1939-1945, anciens combattants et mutilés.

Mais la IVème république dont l'instabilité politique est notoire, les évènements qui éclatent en Algérie, font que bientôt, il est plus qu'évident qu'elle doit disparaître.... le général de Gaulle est rappelé et les 2 et 3 juin 1958, Gaston Manent vote en faveur des pleins pouvoirs à son gouvernement afin qu'il puisse promulguer une nouvelle constitution.

 

Il était l'exemple même du notable de province  de la IIIème république. Il était un républicain convaincu, laïque et très préoccupé par les problèmes de l'enseignement.

Il décède  le 21 juin 1964 à Bagnères de Bigorre à l'âge de 80 ans plongeant son canton et son village natal dans la tristesse d'avoir perdu un "grand homme politique".

 

Jackie Mansas

2 juillet 2017

 

Sources et photos.

 

- http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/5571

-http://www.assemblee nationale.fr/13/evenements/Ceremonie_quatre-vingts/les-80.asp

Pour connaître les combats à Vaux-Chapitre :

Le témoignage d'un Poilu :

http://laguerredejean.canalblog.com/archives/2014/12/03/31075973.html

Déroulé de la bataille :

http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/aout16.html

http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/vaux.html (difficile à lire car police trop petite mais toutefois très intéressant)

 

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