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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Il y a des fois, quand ça ne veut pas faire, ça ne veut pas faire ... 2

Publié par Jackie Mansas sur 10 Août 2017, 13:14pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

La plaine de la Garonne autour de Saint-Bertrand, la vue porte jusqu'à la barrière pyrénéenne. http://www.photo-aerienne-en-paramoteur.fr/haute-garonne-s.htm

La plaine de la Garonne autour de Saint-Bertrand, la vue porte jusqu'à la barrière pyrénéenne. http://www.photo-aerienne-en-paramoteur.fr/haute-garonne-s.htm

 

Donc, études, curiosité, bêtise....et fouet ensuite.... aïe, aïe, aïe

 

Alors que notre région entrait dans la modernité copié-collé de l'Amérique rock and roll, enfin qui essayait de s'y identifier... en entraînant les jeunes générations du baby-boom..

La société ancienne tentait de résister mais comme le temps avait marqué les corps, on sentait bien que la lutte était inégale.

Tout le monde rêvait, rêvait, rêvait...

Mais les traditions et les coutumes perduraient en sourdine.

Donc, certains s'adaptaient vite, d'autres plus lentement, la majorité...

 

Automne 1969.

 

Je ne me souviens pas de la date précise à laquelle j'ai commis la bêtise monumentale que je vais vous raconter mais elle s'est passée en novembre 69. Pourquoi ? parce que - mais jusqu'à l'an dernier 2016, je n'en réalisais pas les conséquences - c'est en février 1971 qu'on a commencé à me la faire payer violemment... entre autre. Et je n'ai jamais rien compris ! J'aurais pu tout de même avoir un doute, mais non... quand on est née courge, on reste courge....

 

Donc, cet automne-là magnifique à souhait avec ses ors, ses rouges, ses jaunes et cette lumière qui n'appartient qu'aux Pyrénées, avait des airs d'été indien. Comme tout le monde, mes parents avaient leur assureur et donc, ce jour-là, ma mère allait renouveler ses contrats chez la nôtre et oui, c'était une femme qui dirigeait ce cabinet.

 

Nous sommes parties en vélo - c'était un peu loin mais qu'importe, la promenade valait le coup ! - oui, je suis allée avec elle cet après-midi-là pour l'accompagner, c'était agréable, mon père était à la retraite mais avait décidé de couper du bois (...), mon frère était en 5ème au collège de Loures et depuis 1967, ma soeur vivait et travaillait à Tarbes.

 

Les bureaux de cette dame se trouvaient dans sa maison, une belle bâtisse de maître du 19ème siècle.

 

Il fallait entrer dans le parc, remonter l'allée centrale et contourner la maison. On y accédait par une porte qui s'ouvrait sur un corridor avec au rez-de chaussée, au fond du couloir, son petit bureau croulant sous les dossiers. La première porte à droite en entrant, donnait sur la cuisine qui n'avait pas changé depuis la construction de la bâtisse ! A gauche un étroit escalier montait en colimaçon vers l'étage. Tout l'ensemble était triste, propre mais sentait le renfermé.

 

Elle ne se levait jamais pour venir à la rencontre de ses clients et elle nous dit de rentrer immédiatement.

 

Nous réussissons à trouver deux chaises après avoir enlevé les papiers qui traînaient et voilà que ces dames se mettent à papoter. Je les écoute tout en parcourant du regard la pièce encombrée. Il fait bon, le chauffage central est allumé. Sur un mur, un crucifix pend avec sa branche de laurier béni. J'aperçois dans un recoin une Vierge de Lourdes, les mains jointes autour du chapelet. Au-dessus d'une pile de livres, il y a une coupe avec des petites boîtes dedans.  Une araignée tisse sa toile au plafond près de la fenêtre. Le tiroir d'un  petit secrétaire est ouvert. Il déborde de papiers mais une boite métallique dorée en occupe le fond.

 

Que peut-il y avoir de caché à l'intérieur ? Des lettres secrètes, d'un amoureux ancien ? Mon esprit se met à vagabonder et j'imagine cette dame jeune - elle était née, il me semble en 1909 - jolie, coquette, roucoulant sous les frondaisons du parc avec un fiancé tout aussi amoureux d'elle qu'elle l'était de lui... Qu'était-il arrivé ? Elle était restée célibataire... Un jour en veine de confidences, elle nous avait raconté qu'elle aurait pu se marier mais qu'avec la guerre, le projet n'avait pas pu se réaliser... Nous avions compati devant sa tristesse et ses yeux bleus embués...

 

J'en suis là de mes rêveries quand une voix me fait revenir sur terre, la dame me parle :

- Jackie, je ne trouve pas le dossier de votre mère, voulez-vous aller le chercher dans ma chambre à l'étage, je l'ai sans doute laissé sur le secrétaire. Ma chambre est la première à droite et la porte est toujours ouverte. Passez par l'escalier de service, là, dans le petit couloir.... (puis se tournant vers ma mère) :

- Je passe désormais toujours par là plutôt que de monter le grand escalier du hall. Trop dur et trop fatigant.

Et oui en 70, elle avait 60 ans et était en sur-surpoids... Vu les boîtes vides de chocolat qui s'empilaient en colonnes branlantes sur les meubles et sur le plancher (1), cela ne pouvait pas s'arranger....

- oui, bien sûr, j'y vais...

Il aurait mieux valu que je me casse une jambe en le montant ce satané petit escalier en colimaçon... mais j'y suis allée, ravie car j'allais enfin  savoir comment était agencée et décorée cette partie de l'étage ! la curiosité....

Je sais, je suis une catastrophe.... dixit ma mère !

 

J'arrive en haut et débouche sur un couloir éclairé à l'ouest par une petite fenêtre qui filtre la lumière du soleil automnal. En face de moi, une porte ouverte m'indique que c'est la chambre de la maîtresse de maison. Avant d'y entrer, je jette un coup d'œil vers la porte de la seconde chambre légèrement entrebâillée et dont la plaque en cuivre brillant de la clé enfoncée dans la serrure vibre... Mince il y a quelqu'un dans cette pièce ?

 

A peine ai-je franchi le seuil de la chambre, que je stoppe immédiatement, totalement ébahie par le décor et l'ameublement ! C'est beau, c'est ancien, je suis transportée dans les années Belle Epoque... .

Je ne peux m'empêcher de tout examiner dès que j'ai trouvé le dossier, je fais le tour de la pièce comme si je déambulais dans un  musée. Je vous décris la richesse des lieux :

- à droite, deux grandes fenêtres font face à l'ouest. Des voilages blancs au bas smockés les cachent un peu mais les beaux et chauds rayons du soleil, passent quand même. Une paire de doubles rideaux comme du brocart pourpre avec des majestueuses broderies or et argent encadre chacune d'elles.

 

 

- Entre les deux, le fameux secrétaire style Napoléon III ; en face de la  porte par laquelle je suis entrée, au sud, un mur dont la tapisserie date un peu et traduit sans ambiguïté que le temps a fait son œuvre ;   une grande et lourde armoire de même style qui doit peser un âne mort en occupe une partie ; une autre porte s'ouvre, sans doute, sur la galerie du grand hall : deux chaises de part et d'autre...

 

- Face à la seconde fenêtre, un fauteuil Voltaire qui n'est pas une vulgaire copie moderne, n'est-ce-pas ; au fond contre le mur de l'ouest, le lit monumental Napoléon III, haut sur pieds et recouvert d'un énorme édredon bien gonflé est encadré par ses chevets ; mon regard et mes pas se tournent vers la cloison nord à ma gauche occupée par une immense commode - toilette avec le plateau en marbre blanc, la cuvette incrustée, le broc et les accessoires - surmontée d'une glace impressionnante touchant presque le plafond. Je pense alors que au 19ème siècle, il ne devait pas y avoir de salle de bains... sauf pour recevoir la baignoire que les bonnes remplissaient à coups de brocs d'eau chaude qu'elles montaient de la cuisine à l'étage !

 

- Et bien entendu, au sol sur le parquet ciré qui brille autant que les meubles, un tapis moelleux mais mité par endroits étouffe mes pas et pourtant, pour tout admirer sans faire de bruit, je me fais légère mais légère...

 

Avant de redescendre, je m'aperçois que les cadres posés sur le mur derrière le lit représentent deux hommes, deux militaires et lorsque je reconnais celui à ma gauche, j'ai un sursaut : c'est le maréchal Pétain !

Et l'autre ? A ma droite ? et bien c'est un jeune homme blond, au joli visage souriant vêtu d'un costume militaire étranger que je ne reconnais pas car dans la pénombre, je ne le vois pas bien...

 

Il se trouve en plus petit dans un cadre sur la table de nuit derrière le réveil et un verre. Il y a aussi un pilulier doré et un missel...

 

Il faut bien que je redescende, il ne faudrait pas que la dame croie que je fouille... pour trouver de l'argent par exemple.... Avec les riches, on ne sait jamais ! Je ne l'ai jamais fait, ouvrir les tiroirs !  Nulle part, cela ne se fait pas un point c'est tout.... Je suis curieuse d'accord mais pas à ce point quand même !  Ce qu'il y a à l' intérieur touche à l'intimité et là, il  y a des limites....

 

Après, le reste, comme écouter les conversations qui ne me concernaient pas (pour découvrir des secrets qu'en plus, je ne dévoilerai jamais, ça peut paraître idiot mais c'était simplement pour le plaisir... de ne pas me faire prendre), fureter du regard partout pour voir ce qu'il ne faut pas voir (et pareil, ne rien dire ensuite), fouiller dans les archives jusqu'à satiété pour découvrir la vérité... là, j'avoue. Sans aucune honte ni remords, croyez-le bien...

 

Il n'y a qu'une chose que je ne suis jamais arrivée à faire, c'est une planque.... je m'endors... Je ne pense pas que j'aurais réussi une carrière de policière ou de détective privée... 

 

Et voilà, voilà...

 

J'allais poser le pied sur la première marche quand un bruit furtif me cloue sur place : quelqu'un est sorti de la seconde chambre, a laissé la porte entrebâillée mais j'ai beau regarder partout, il n'y a personne. La porte du fond est fermée celle donnant au nord sur une sorte de véranda vitrée, également. Je devine qu'elles s'ouvrent sur les toilettes et la salle de bains.

 

J'y vais, j'y vais pas ? Une respiration profonde et hop, une visite éclair dans la seconde pièce... Je sens une délicieuse odeur de cigarillo espagnol très à la mode en ces années-là et celle d'une eau de toilette masculine raffinée.

 

Une voix monte du rez-de-chaussée :

 

- Jackie ! Vous ne trouvez pas le dossier sur le secrétaire ? A droite sur la première pile, regardez là, il doit y être !!

 

Je hume avec délice ces fragrances dont les volutes invisibles ravissent mon odorat...  Là, je ne rentre pas, je reste sur le pas de la porte et je suis ébahie, c'est exactement le même décor, les mêmes couleurs, les mêmes meubles, le même style ! sauf que c'est en sens inverse vu que les deux fenêtres donnent à l'est. Et que le maréchal Pétain trône au-dessus du lit contre le mur de l'ouest. Je remarque avec malice que les dormeurs peuvent se faire des coucous à travers le mur lorsqu'ils sont couchés.... Mais sur celui-ci il n'y a pas d'édredon...

 

Le maréchal a le même copain de guerre que de l'autre côté. Le fauteuil Voltaire faisant face à la haute fenêtre du fond, au velours pourpre un peu usé est occupé par :

- sur le siège, une casquette de l'armée allemande avec la tête de mort des SS

- sur le bras, une paire de gants blancs, très blancs

- sur le haut du dossier, une veste militaire SS et un sabre est posé contre le fauteuil....

 

Je sens mon cœur se serrer et je repars vite en remettant la porte comme elle était et en empêchant la plaque de la clé de vibrer. Je cours presque vers l'escalier mais un bruit me fait me retourner et là, je vois en premier, une main très soignée, avec une chevalière en or et pierre noire, une gourmette en or et une montre idem, je ne vous dis que ça, un bras s'avance ouvre la porte... Prise en défaut je me dépêche de descendre les marches sur la pointe des pieds, je me retourne pourtant et je vois un demi-visage d'homme maigre, où un œil bleu acier glaçant me regarde... Il est blond, glabre, soigné, le cigarillo au bout des doigts. Que ça sent bon tout ça... !

 

Waouh ! Il y a un homme dans la vie de cette dame et quel homme ! On voit bien qu'il n'est pas mal du tout mais il n'est pas d'ici, sûr et certain. Et s'il va et vient dans cette chambre, il ne dort pas dans le lit vu qu'il n'y a pas d'édredon, seulement un dessus de lit damassé pourpre et or et beaucoup de coussins...

 

Et ben dis-donc, elle n'est pas si vieille fille bigote à cheval sur les principes moraux que ça... Elle est simplement encore amoureuse de son fiancé de la guerre qui n'a pas pu l'épouser... C'est beau ! J'adore les histoires d'amour même quand elles finissent mal, mais bon la plupart du temps et la preuve était là devant moi, elles peuvent durer même dans la clandestinité ! 

 

Je suis contente pour elle, quand même et je débouche dans le bureau en courant presque. Cet homme-là, là-haut, ouvrant la porte de cette façon-là m'a flanqué une de ces peur ! Il a quand même failli me prendre sur le fait en train de regarder sa chambre.... ou bien il m'a vue et n'a rien dit ! 

 

Qui est-il ? Je revois encore le bleu glacial de son œil ... j'ai senti une cruauté sans faille... et cette main longue, aux ongles extrêmement soignés comme des serres.... qui est-il mais qui est-il donc ? A ce que je crois, personne n'a entendu parler de lui, il est vrai que pour ces gens si catholiques et si - soi-disant - bien nés, une liaison comme cela...

 

Et oui : recevoir un homme dans son lit, même à 60 ans passés, lorsque l'on est célibataire, ce n'est point convenable... Alors que seul le bonheur des amoureux devrait compter quelque soit l'âge... .

 

Je tends le dossier, elle s'en empare puis me demande malicieusement :

 

- Ma chambre vous a plu, il me semble ?

- Oh ! Oui ! Elle est très belle ! Vous avez des meubles magnifiques. J'ai trouvé tout de suite mais j'ai regardé tellement c'est beau...

Elle sourit contente, j'ai dit ce qu'il fallait mais pas plus.

 

Elle s'adresse alors à maman et lui propose un nouveau contrat, elles discutent un peu puis, elle remplit les feuillets de son écriture fine, maman signe et on se lève pour partir.

 

Je n'en peux plus, il faut que je sache qui est le jeune militaire rayonnant dans son cadre sur le mur. Elle me répond  sans s'attarder dessus qu'il s'agit d'un frère de son père mort à Verdun. Nous parlons alors du maréchal Pétain, enfin elle et elle est dithyrambique à son sujet. Quel homme merveilleux, un militaire hors pair ! Grâce à lui, des vies ont été sauvées durant la Grande Guerre... et si cet épouvantable de Gaulle ne l'avait pas pris en grippe durant la seconde guerre mondiale, nous serions le pays le plus heureux du monde.

 

La tête de ma mère ! Oh la la ! Ses yeux gris comme de l'acier qui captent la lumière du soleil d'automne passant par les vitres de la fenêtre sont froids, durs, sa bouche ne fait qu'un pli. Son joli visage est tout transformé et je la sens tendue.

 

C'est elle qui met un terme à la conversation et l'on s'en va.

 

Pour faire passer l'orage et puis j'ai envie de "voir du pays" aujourd'hui, je lui propose de faire le grand tour, bof, cela ne fera que 20 km de plus... Ce n'était pas gagné mais ... elle accepte !

 

Nous voilà parties , la route est belle, pas trop de voitures et sans nous presser, nous revenons à la maison. Mon père est assis sur le banc, il mange son gros sandwich au jambon du "4 heures" avec Karolus, comme d'habitude, une bouchée pour chacun.

 

Maman lui fait remarquer, comme d'habitude :

- tu ne peux pas manger autre chose , non ? Tu sais que ça te fait mal, le docteur l'a dit ! Il y a du jambon d'York dans le frigo, c'est pour toi, alors !

Bon, l'orage allait éclater... En fait, il avait profité qu'elle n'était pas là...

 

A cause de ce goûter, car bien évidemment, les reproches volèrent bas, j'ai oublié de poser la question qui me tenaillait : pourquoi avait-elle fait la tête quand la dame avait parlé du maréchal Pétain ? Et bien évidemment, j'allais devoir attendre vu que son mécontentement retomba sur mon père qui une fois de plus, avait fait une entorse à son régime...

 

Enfin régime... pour lui un sandwich se résumait à la moitié d'une miche de pain coupée en deux et à l'intérieur une ou deux tranches de jambon, ou bien du pâté bien tartiné... Avec le jambon, il ajoutait parfois des cornichons et du beurre... et pourquoi pas des rondelles de saucisson, enfin des rondelles, façon de parler... ou bien un morceau de saucisse : ce n'était pas un estomac qu'il avait mais un gouffre ! Et il n'était pas en surpoids ... non il était bien.

 

Le paysan d'autrefois dans toute sa splendeur : charcuterie le matin, charcuterie à midi, charcuterie au goûter et charcuterie le soir !

 

Etonnons-nous après ça que le médecin à chacune des consultations, lui conseillait de freiner sur le cochon... et sur la cigarette, 2 blagues de tabac gris par jour ne lui faisaient pas peur non plus jusqu'au jour où, ne pouvant plus respirer, il prit peur. Après  lui avoir fait passer une radio, le docteur Duran lui montra ses poumons qui ressemblaient à du charbon... Il consentit à descendre à une blague puis à une demie... Mais ce fut dur ! Il y en eut des disputes !

 

Le jour où j'ai attrapé un fou-rire mémorable à cause d'un yaourt (conflit entre les Anciens et les Modernes) fut celui où après être revenu de chez le médecin, il accepta de manger moins "de cochon", un exploit... Le docteur Duran lui avait dit que son taux de cholestérol et sa tension étaient trop élevés, que son diabète pouvait évoluer s'il ne faisait pas attention et que son foie ne pouvait plus supporter autant de gras, que les analyses étaient mauvaises et qu'il fallait qu'il se mette au régime : à savoir manger moins, supprimer le cochon, déguster des laitages et oublier le sel !

 

Et plus de tabac s'il voulait profiter de sa retraite. L'emphysème ? Il ne pouvait en guérir mais le reste pouvait s'améliorer. Il était usé, tellement il avait travaillé, perclus de rhumatismes mais en prenant l'air dans la montagne, en sortant faire du vélo durant une heure chaque jour et en mangeant moins et mieux, sa santé serait meilleure.

 

Maman m'a raconté qu'il avait fait la tête mais qu'il avait accepté "l'idée d'un régime"... donc, entre autre, de goûter UN yaourt : un exploit. C'était bizarre, mais ce jour-là, il avait compris ce que disait le bon docteur... n'est-ce pas, il n'avait pas été atteint de surdité subite...

 

Le yaourt nature donc sans sucre ajouté, ne fit pas long feu après UNE seule cuillerée : "Moi je n'en veux plus du "yayou" (traduction du français en gascon, selon lui), c'est pas bon ça !".  Donc, que fit son épouse dévouée ? On eut droit tous les jours, à du riz au lait, de la semoule, du tapioca .... Encore bizarre, mais vu que c'était elle qui les cuisinait ces fameux desserts lactés,  et bien, ils étaient bons...

 

Je pense que toutes ou à peu près toutes les épouses se retrouvaient devant le même cas... Oui, comment empêcher leurs moitiés de ne plus se gaver de charcuterie, nourriture pyrénéenne par excellence...? 

 

Donc, il me fallut attendre que l'orage s'éloigne pour poser la question qui me titillait : pourquoi avait-elle fait cette tête ?

 

Réponse :


- quand on sait ce que les allemands ont fait durant la guerre, on ne glorifie pas les français qui les servait !  Et eux, tu vois, ils les ont bien servis...

Silence éloquent...

 

Je n'en ai pas su plus ce jour-là mais elle en avait assez dit pour que je puisse poser des questions innocemment par ci par là... Sauf celle-ci :

"Qui était cet homme si raffiné que j'avais entrevu dans ce lieu autant chargé d'histoire... de la seconde guerre ?". Parce que je me suis tue ...

Parce que et c'était étrange, chaque fois que je pensais à lui, je sentais venir une crise de panique... Alors, j'ai fini par l'oublier ... jusqu'à ces derniers mois, jusqu'à ce que j'apprenne qui il était enfin !

 

A suivre


Jackie Mansas

16 juillet 2017

 

http://www.photo-aerienne-en-paramoteur.fr/haute-garonne-s.htm

 

1 - la femme de ménage n'avait pas le droit de toucher à quoi que ce soit dans le bureau et quand les piles étaient trop hautes, c'était le jardinier qui les enlevait...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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