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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Il y a des fois quand ça ne veut pas faire, ça ne veut pas faire...1

Publié par Jackie Mansas sur 10 Août 2017, 09:29am

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Castillo de Montana Gris à Tarroela de Montgri, périphérie de L'Estartit puis Tarragone.
Castillo de Montana Gris à Tarroela de Montgri, périphérie de L'Estartit puis Tarragone.Castillo de Montana Gris à Tarroela de Montgri, périphérie de L'Estartit puis Tarragone.

Castillo de Montana Gris à Tarroela de Montgri, périphérie de L'Estartit puis Tarragone.

La France et l'Espagne ont toujours eu des relations privilégiées, la frontière n'existant en fait que depuis que Louis XIV l'a décidé.

 

A partir de 1960, Franco laisse son pays s'ouvrir au tourisme de masse sur la Costa Brava et la Costa Blanca, les Baroussais et les Commingeois - entre autres, bien sûr - s'empressent d'aller y passer leurs congés... Aujourd'hui nous allons revenir sur ces années dans cet article : "Il y a des fois quand ça ne veut pas faire, ça ne veut pas faire"... 1

Après un détour dans l'histoire de notre vallée du passé, retournons au 20ème siècle et plus précisément en 1970.

 

Les décennies 60 et 70 : un nouvel ordre social arrive sur le devant de la scène, son heure de gloire durera jusqu'aux années 90 puis sombrera dans l'inquiétude et la peur dans la décennie 2000. La société sclérosée et toujours injuste qui en a découlé se traduira par une révolte électorale aux élections 2017. Une abstention record, car les beaux espoirs de ces temps pas si lointains que cela se sont évanouis....

 

Une société qui prend un tournant à partir de 1962.

 

Notre région vit dans une relative prospérité, il y a du travail et une population encore jeune, la génération du baby-boom - 1946/1970 - n'est pas encore partie tenter de mieux vivre ailleurs, plutôt elle ne pense pas encore qu'elle vivra mieux ailleurs. Elle ne va pas tarder à croire qu'il n'y a plus rien à faire ici, que l'on ne peut rien créer, que le monde rural est ringard et vulgaire et malheureusement,  les responsables politiques ne savent pas comment endiguer un tel exode de cerveaux, de talents, de savoir-faire. Nous sommes là à l'orée des sixties, à voir un exode  rural monstrueux se mettre en marche ...

 

Il y a un fort contingent de jeunes hommes qui sous la poussée de leurs familles et des enseignants, entrent dans la fonction publique pour être à l'abri du chômage avec la garantie de l'emploi à vie et du salaire qui va avec... Car quand on est obligatoirement destiné à devenir chef de famille, il faut avoir de bons revenus mensuels pour bien vivre et pouvoir "mettre de côté". 

 

On voit une déferlante dans la Banque, les Impôts, la Poste, EDF, Ponts et Chaussées, la Gendarmerie et la Police. De nombreuses entreprises publiques sont créées au niveau territorial et c'est la bousculade car comme on ne peut y entrer que si on est "pistonné", les élus et autres notables sont pris d'assaut... Ceux qui promettent le plus sont satisfaits...

 

Attention ! Ce n'est pas un reproche de ma part ! Pas du tout, c'est une constatation faite par une historienne, c'est tout ! En plus témoin de cette époque... N'allons pas chercher la petite bête, c'était comme cela que tout se passait et ce n'est pas un déshonneur d'avoir eu un bon boulot de cette façon, du moment qu'on l'a ensuite fait honnêtement et humainement... et que l'on n'a pas profité de ses protections à des fins personnelles douteuses.

 

Les jeunes filles qui ont des parents "ouverts" d'esprit ayant compris plus ou moins  facilement que le monde évoluant vers plus de liberté, leur progéniture féminine n'a plus le devoir de rester à la maison tandis que le mari "travaille" et rapporte sa paye..., tentent des études pour faire carrière dans l'enseignement primaire (faut pas trop pousser quand même, restons "humbles" ?.?.?) [oui]...,(1) dans les écoles d'infirmières, peu d'entre elles intègrent les universités plutôt réservées aux milieux aisés.

 

La plupart entrent à la Poste, la Sécurité Sociale, la Justice ou dans une banque et à au moins 85% de ses effectifs, se dirige vers  le secrétariat ou la comptabilité. Leitmotiv des pères un tantinet affolés à l'idée que leurs filles pourraient les dépasser : "tu seras secrétaire ma fille, de préférence d'un docteur car il pourra te soigner et soigner tes enfants gratuitement...". C'était bizarre de les entendre s'exprimer ainsi car la Sécurité Sociale existait depuis 1945... et quand même, pas besoin d'avoir un médecin sous la main gratuit, puisque l'on était remboursé...

.

Il faut que je précise car je pense que vous êtes étonnés : les parents en fait, avaient parfois du mal à avancer l'argent de la consultation, de la visite puis des médicaments à la pharmacie. Bien sûr, ils étaient remboursés mais trois semaines ou un mois plus tard. La plupart des mamans mettaient de côté une certaine somme chaque mois retenue sur la paye de leurs maris, afin de payer "le docteur et le pharmacien" en cas que... Il était fini le temps béni où le bon médecin de campagne acceptait les produits de la ferme en paiement...

 

A cause de ce changement radical, les bourgeois ne trouvent plus de femmes de ménage - on ne dit plus bonne officiellement mais en privé oui encore - alors ils se "rabattent" sur les immigrées espagnoles et portugaises qu'ils surveillent attentivement, et oui, il faut se méfier de ces personnes qui ne parlent pas bien le français et qui étaient des pauvres dans leurs pays...

On teste leur honnêteté...

 

En saison estivale où les touristes doublaient voire triplaient en nombre la population autochtone, les hôteliers préféraient engager une main d'œuvre outre Pyrénées, moins chère, moins regardante et plus flexible...

Certaines jeunes femmes ayant goûté à la liberté en France se débrouillaient pour revenir et y rester.

 

Quand on disait à leurs employeurs, tant particuliers que commerçants, que la grande majorité fuyaient leurs pays justement pour ne plus avoir à vivre sous des dictatures, ils ouvraient de grands yeux étonnés....

 

Ben voyons....

 

Ce n'était pas possible quand même ! On ne quitte pas sa famille, son village, en prétextant une telle sottise, Franco et Salazar n'étaient pas aussi méchants que cela, enfin voyons ! Et le boom économique en Espagne, la Costa Blanca dans la province d'Alicante - 96% de côte linéaire bétonnée - la Costa Brava dans la province de Catalogne de Portbou à Blanès - 160 km de côte linéaire bétonnée - c'est bien Franco qui l'a autorisé en ouvrant les frontières au tourisme de masse... non ? Alors, de quoi se plaignaient-elles ? Du travail là-bas, il y en avait ...

 

Le sort de ces jeunes femmes n'a pas l'air d'intéresser qui que ce soit et elles se montrent quant à elles, très discrètes mais il faut absolument dire qu'il n'y a pas eu de racisme envers elles dans notre région. Certaines "bonnes âmes" formatées aux idées nauséabondes des années 39-45 ont pu  sans doute les critiquer mais l'ensemble de la population les a bien accueillies, je n'en démords pas, je n'ai jamais entendu quoi que ce soit ni vu quoi que ce soit qui a pu les "salir"... A part quelques cas particuliers d'accord, j'en conviens, mais nous sommes toutes devenues copines comme si les frontières n'avaient jamais existées !

 

A partir du mitan des années 60, on achète à tout va des appartements dans des blocs qui défigurent le paysage mais qui permettent d'avoir la plage tout près... On a un peu d'argent économisé donc on investit... La nouvelle ville préférée de nos concitoyens des Pyrénées Centrales est L'Estartit - à trois heures de Toulouse, à l'époque - on y a son appart, certains y amarrent un bateau de plaisance, on se brûle la peau sous le soleil et on paresse avec bonheur sur le sable doré. C'est le bonheur total et on a raison d'en profiter.

 

L'Estartit Costa Brava

Le populaire dans ces barres d'immeubles mais des zones résidentielles pour plus fortunés en général hollandais et allemands existent. Actuellement accessibles à tous.

 

L'Estartit : zone résidentielle exemple d'immeuble.

 

Puis on revient chez soi pour reprendre son boulot avec un bronzage que l'on montre généreusement et des histoires sans fin à raconter de fêtes, de rencontres, de rires et de joies. Un nouveau genre de tourisme est né, il dure encore de nos jours mais comme les cancers de la peau sont passés par là, on ne fanfaronne plus autant sur la densité du bronzage...

 

Les bourgeois préfèrent Tarragone sur la Costa Daurada en Catalogne, destination touristique de premier ordre grâce à son histoire, son patrimoine remontant à l'époque romaine et ses activités artistiques de haut niveau. Les hôtels sont de toute beauté, mais chers... On achète des appartements stylés et on entre dans la bonne société "étrangère", essentiellement française : mêmes gens, même éducation, même idées.... On ne se mélange pas au vulgaire du reste de la Costa Brava. Et pourtant, même cette ville au passé prestigieux a ses quartiers populaires... cependant, la classe moyenne émergeante préfère les villes balnéaires nouvelles et ses immeubles "blocs" car on se  retrouve entre soi. Depuis quelques années, le touriste même lambda ne veut plus de vacances "à cuire le rôti" : il aime aussi découvrir le patrimoine naturel et bâti où qu'il aille...

 

Tarragona 2006---

Le vieux Tarragone.

 

Cela m'amusait d'écouter tous ces gens parler de leurs vacances, en fait, comme je ne réponds pas et que j'écoute vu ma curiosité naturelle, les gens ont toujours eu tendance à se confier et j'en ai appris des choses ! Mon Dieu que oui ! Sur le moment, je n'ai pas compris que je participais à un tournant de l'histoire en écoutant ainsi mais maintenant, si vous saviez à quel point c'était important .... Car notre société d'aujourd'hui est le résultat de cette effervescence économique et sociale des années 60 et 70 !

Mais je dois avouer, même si je m'y suis mise sur le tard, que le bavardage à outrance permet de se protéger de la malveillance ambiante ...

 

Comme l'argent était facile à gagner, les populations qui pouvaient adhérer à cette déferlante touristique prenaient quelque part ce que nous appellerions nous, la "grosse tête" en s'imaginant en haut de l'échelle. Ils ne réalisaient pas que ces bourgeois à qui ils voulaient tant ressembler, reproduisaient en vacances le même modèle social auquel ils étaient habitués.

Dans d'autres villes réservées où eux seuls pouvaient aller passer des semaines de rêve, ils reformaient la "Jet-set" coloniale. La jeunesse dite dorée choisissait Ibiza (tout aussi bétonnée malheureusement) pour profiter de la liberté d'exister à outrance.

 

Pour nos concitoyens populaires, les différences sociales habituelles devaient  être oubliées puisque l'on profitait des mêmes privilèges. Ni le sable, ni la mer, ni le soleil ne sont la propriété de personne... et quand on peut payer...

 

J'ai été invitée par une amie de la fac à passer deux semaines à L'Estartit où ses parents lui avaient offert un appartement dans un bloc de béton. J'ai détesté. Mais alors détesté, on ne peut s'imaginer à quel point ! Je ne suis pas une rabat-joie mais bon c'est le système qui m'a déplu, pas elle bien sûr !

 

En premier lieu, j'ai horreur de me baigner en public parce qu'il faut se déshabiller - au bout de trois jours, j'étais la seule à être habillée sur la plage, je n'ai pas pu tenir plus - et parce qu'il me fallait enlever les lunettes donc, je n'y voyais rien. Je crois que la bêtise où la gaffe, c'est selon vous jugerez après que je vous aurais raconté mais s'il vous plaît, ne riez pas trop fort, que j'ai faite m'a convaincue que ce genre de vacances n'était pas fait pour moi, je n'y suis plus jamais retournée :

 

- on ne fait rien, à part bronzer, c'est idiot, je suis foncée  sans coup de soleil après une demi-heure d'exposition alors, je ne vois pas pourquoi je resterais sur une plage qui ressemble à une panière de sardines salées - que l'on appelait  "gendarmes" à cette époque - tellement les gens sont serrés...

 

- on ne voit rien que du sable, du béton et des néons, on n'apprend rien et en plus il faut se balader presque à poil sur la plage au milieu de gens presque à poil, non ça n'est pas pour moi, ça.... Les autres, s'ils veulent passer leurs journées de cette façon-là, ils le font, s'ils sont heureux, c'est l'essentiel...

 

- comme je ne sais pas nager, l'amie en question m'a passé une bouée, énorme, je pense que je disparais dedans.... Heureusement que le ridicule ne tue pas...

 

- de plus, j'ai une peur panique de l'eau depuis mon enfance... quand on a 10 ans et que l'on manque se noyer à cause de trois imbéciles que ça amuse de maintenir la tête de leur punching-ball préféré dans les vagues, que l'on ne peut plus respirer et qu'un sauveteur vous appuie sur la poitrine pour faire sortir l'eau entrée dans les poumons, ça fait mal tout ça... physiquement et moralement, je peux vous l'assurer. Même les gifles qu'ils ont reçu et dont j'entends encore le clac sur leurs têtes obtuses n'arrivent pas à effacer ma peine....

 

De ce fait, dès que je rentre dans la mer mais ce serait pareil dans une piscine, rien que le contact de l'eau me panique... j'étouffe, mes poumons me brûlent comme ce fatidique matin de juin 1958 sur la plage de Biarritz, vous savez celle où l'on voit le Grand Hôtel au-dessus de la falaise... Ca existe toujours ?

 

Mais comme il faut y aller, on y va et on fait la gaffe de sa vie.

Vous voulez vraiment savoir ce que j'ai pu faire ? Oui ? Et bien voilà.

Mais je vous avertis, c'est réellement très bête...

Ceux qui me connaissent bien vont dire "ça ne m'étonne pas, les gaffes, elle connaît ", et oh ! hein bon... Je sais.

 

Donc ce matin-là chaud mais avec une légère brise qui arrive de la mer, je cède aux sollicitations et après avoir enfilé cette satanée bouée - je pense sur le moment que si le vent se lève, elle va se transformer en montgolfière - je m'efforce de me convaincre de rentrer dans ce truc qui sent mauvais - l'iode - qui bouge - la houle - et qui est rempli de gens sachant nager évoluant dans tous les sens ou qui se prennent pour Poséidon au sommet de vagues démoniaques !

Je sens la nausée arriver car bien entendu je suis obligée d'enlever les lunettes. Bien sûr, je sais qu'avec la bouée, je ne risque rien mais la crainte n'est qu'un peu atténuée...

 

Bon, allez, j'y vais, c'est une expérience à tenter, je ne vais pas quand même mourir, non ? Et hop, un peu de courage et me voilà dans la mer. Je flotte, c'est agréable, l'eau est tiède à souhait, mais bon, la nausée, elle, elle s'accentue, ça bouge tellement et puis j'ai avalé de l'eau.... Beurk, beurk, beurk...

 

Je suis déjà ridicule alors je ne vais pas accentuer l'impression et je vais me laisser porter par les vagues, puisque je ne sais pas nager. Je pense alors que je devrais apprendre mais je sais d'avance que je n'arriverai pas à faire même 10 mètres vu que je n'ai jamais été synchronisée, alors...

 

Des gens autour de moi prennent un plaisir immense à lutter contre la force de la mer, c'est bizarre mais bien que je ne vois que des silhouettes diffuses (2) je ressens leur bonheur d'être dans ce liquide mouvant, lourd, chaud et très, très odoriférant. Cela me rassure, me détend mais entre la houle et eux, ça s'agite beaucoup tout ça. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup, la panique me prend, j'ai l'impression que je tombe dans un gouffre où l'eau bouge, bouge, bouge et je n'arrive pas à m'agripper à n'importe quoi qui m'empêchera de sombrer.

 

Je cherche, je cherche, à tâtons et dans l'obscurité, une branche, une aspérité, n'importe quoi et soudain un miracle : il y a quelque chose là que je peux attraper pour arrêter cette infernale descente... Je serre du plus fort que je peux pour me tenir  et je reviens à moi, la crise de panique a cessé. Je m'aperçois alors que je tiens fermement dans ma main...

 

Bon, je ne vais pas le dire vous avez deviné, ne riez pas s'il vous plaît ! Parce que moi, je n'ai pas ri sur le coup, j'ai été effrayée par ma propre audace, involontaire bien sûr... Si vous saviez à quelle vitesse, j'ai lâché ... et je suis sortie de l'eau. Une fois les lunettes sur le nez, j'ai regardé vers la mer et j'ai vu le monsieur qui rigolait au-dessus d'une vague, il m'a fait un signe de la main de loin et il a continué de nager... Je devais être rouge comme une tomate et il y avait de quoi...

Je ne suis plus jamais entrée dans la mer... Pas la peine de recommencer une telle bêtise !

 

C'est après que j'ai ri, jaune au début puis franchement ensuite... Bien évidemment, je n'ai pas raconté mon exploit, j'aurais été sermonnée, on s'agrippe à un bras, une jambe mais pas à cet endroit de l'anatomie masculine... Bien sûr, d'accord, mais je n'ai pas fait exprès ! Il fallait à tout prix que je me tienne à quelque chose et il se trouvait à proximité ...  Et puis je n'y voyais rien alors...

Bon, le monsieur n'a pas eu l'air si choqué que cela...

 

Des crises de panique, j'en ai eu beaucoup et j'en ai encore mais jamais comme celle-là, déjà en temps normal, sur la terre ferme, c'est terrifiant mais alors dans la mer...

 

Bon, après cet aparté anecdotique, retournons à ces fameuses années 1960-1970.

 

Un renouveau social avec de meilleurs salaires qui améliorent le quotidien et développent l'économie locale - les commerces anciens et nouveaux sont légion -  se met en place.

 

1) Le tissu industriel à grande échelle sur place qui malheureusement a détruit la montagne...

 

Il est né dès les années 60 mais il s'amplifie à partir de 1968. Les usines de la région embauchent et grâce aux actions des syndicats, en particulier de la CGT - rendons à César ce qui est à César et à la réalité syndicale du temps ce qui est à elle - les ouvriers voient leurs salaires augmenter significativement. A part les employés des petites entreprises, ceux et celles des services, les petits agriculteurs, dont les revenus stagnent et sont même bas, on continue de vivre comme avant avec peu mais pas mal. Mais bon, pour les classes populaires où les retraités sont nombreux, un bonus serait le bienvenu.

 

Les jeunes hommes sans formations particulières mais motivés par un travail que l'on pourrait qualifier de dangereux et surtout par la promesse d'une paye mirobolante, sont embauchés par l'industrie du pétrole en plein boom. Ils partent travailler comme ouvriers sur les plates-formes  de recherche pétrolières en Afrique. Des milliers d'emplois sont créés mais on n'y rentre pas comme ça, il faut être "recommandé"...

 

Les revenus sont tels que lorsqu'ils rentrent en France pour leurs congés, ils en imposent par leur toute nouvelle richesse genre m'as-tu-vu... La vie est belle et puis pas la peine de dire que l'on est un modeste ouvrier, l'argent dépensé parle pour soi.... Une revanche sur une enfance et une adolescence modestes, pour la plupart. L'envie de réussir, l'envie d'en imposer, des rêves dorés plein la tête... Et pas mal de conséquences négatives, bien entendu.

 

Ces années étaient bénies des dieux et l'espoir d'une vie meilleure permanent. De nos jours, la jeunesse a perdu ces espoirs-là... car le monde des sixties et des seventies s'est évanoui dans les oubliettes du passé.

 

2 ) L'agriculture intensive moderne.

 

Un phénomène est apparu depuis les années 50 venant des USA : l'agriculture intensive basée uniquement sur les machines, les engrais et les pesticides. On est persuadé que la richesse va arriver si on se modernise à fond. Aucun organisme n'avertit des dangers de l'agriculture et de l'élevage uniquement basé sur les produits chimiques - c'est l'avenir - qui s'avèreront nocifs au fil du temps. Les Anciens essaient bien de donner leur avis, ce n'est pas bon tout ça, il ne faut pas contrarier la Nature mais leurs "radotages" sont balayés d'un revers de la main : les animaux sont boostés aux piqûres, les céréales poussent au milieu des poisons chimiques qui vont empoisonner les animaux qui vont empoisonner les humains...

Mais à cette époque personne ne se doute de ce que l'avenir nous réserve ! Seul s'enrichir compte....(3)

 

3) Une autre classe sociale apparaît

 

Les Baby-Boomers restés au pays et leurs prédécesseurs nés dans les années 30, n'hésitent à bouleverser les codes et à s'enrichir à outrance, profitant des nouveaux désirs de la population. Mais cela ne se fait pas sans mal, le fossé se creuse entre les milieux sociaux populaires. Et la vie communautaire si solidaire et si unie - malheureusement parfois contre "les étrangers" qui n'ont pas su se plier aux codes anciens ou bien qui se sont allés à des actes graves - commence à se déliter, les personnes vieillissantes n'ont plus le courage de braver cette modernité indifférente.

 

Donc en cette année 1969, la société est en train de changer et pas en bien selon l'avis général des anciennes générations qui voyent s'en aller leurs antiques valeurs quelque part d'égalité entre tous de quelque origine que l'on soit. Déception chez certains : même si l'argent coule à flots chez les plus déterminés des entreprenants, ils n'entrent pas dans la fonction "notable" qu'ils ambitionnent d'obtenir, car ils n'ont ni l'éducation ni la culture obligatoire.  

 

Ils étaient et restaient des citoyens lambda, des mesdames et messieurs "tout le monde". Il faut dire que les couches supérieures formées par les notables de province, désormais sous la coupe des coloniaux rentrés définitivement en métropole vu que les  "colonies" ont quitté le giron de la France en obtenant leur indépendance, ne voient pas d'un bon œil ces gens tenter de leur faire concurrence.

 

Nous ne sommes plus au 19ème siècle où le savoir et les connaissances n'étaient pas obligatoires pour devenir "important", il suffisait de savoir "se tenir". Et d'avoir de l'argent ! La notabilité devenait effective lorsque les mariages venaient effacer les différences d'origines.

 

D'où une certaine amertume que l'on fait retomber sur le "petit peuple" paysan et ouvrier.... Qui riposte en traitant ces nouveaux riches de parvenus !

 

Au milieu de ce bouleversement social, il y a quelqu'une dont la curiosité est sans limite et qui, de ce fait, pour la satisfaire une seule fois justement, met en marche une machine à détruire sans se douter un seul instant dans les années qui suivent, de ce qu'elle a déclenché.

 

Car les mentalités ont véritablement changé : il devient urgent de prendre parti pour les "gros" même si ce sont des "enfoirés".... puisque les "gros" nouveaux, par vanité, se font "pire"....  Alors, quelqu'une qui n'est rien ne compte pas....  Parce que l'on travaille dur, parce que l'on a honte du passé de ses parents, pauvres mais vaillants, il faut réussir à tout prix et réussir veut dire acquérir la notabilité alors qu'importe de piétiner les autres...

 

Un nouveau crédo : "qu'importe de faire du mal du moment que ça rapporte..." et oui... Il n'a pas disparu ce crédo là, au contraire, il s'est amplifié...

 

A un siècle de différence, on reproduit les mêmes actions, les mêmes travers que la nouvelle bourgeoisie du 19ème siècle, ces entreprenants qui surent prendre le tournant de l'industrie à partir de 1848-1850 pour bâtir des fortunes et remplacer la noblesse d'avant 1789, obligée quant à elle, de vendre titres, châteaux et domaines pour éponger ses dettes.... 

 

Noblesse qui garda un mépris plus qu'évident envers ces successeurs issus du peuple et qui aimaient tellement "faire de l'argent". Déshonorant. 

Désormais, ces nouveaux riches étaient les égaux socialement des seigneurs d'antan enfin de leurs descendants, qui les surnommaient dédaigneusement "les boutiquiers". Un siècle plus tard ce fut ce mot : "parvenu".

 

Et moi que fais-je donc au milieu de toute cette effervescence ?

Et bien je vis dans mon monde, je vais recommencer mes études même si l'opposition  des vieilles ganaches est forte et m'en a empêché jusque là - les mulards n'en ont pas le droit - mais je fais ce que j'ai envie, c'est tout. Je reconnais toutefois que j'aurais mieux fait de m'intéresser à ces nouvelles règles, je ne serais pas complètement dépassée maintenant...

 

La prochaine fois, vous saurez ce que ma curiosité m'a fait faire, comme ce que l'on pourrait qualifier une gaffe, mais pour moi, ce n'en est pas car tout enrichit dans la vie, même les pires avanies que l'on peut subir, cela fait voir le monde différemment...

 

Jackie Mansas

11 juillet 2017

 

1 - On m'a dit cela oui, oui... Mais la plupart des jeunes filles ont entendu cette phrase terrible lorsqu'elles n'acceptaient pas les diktats d'un monde intolérant.

2 -c'est ça la myopie, il faut préciser œil droit moins 7 et demi, œil gauche moins 6 et demi, bien sûr ça s'arrange avec l'âge et la presbytie  mais j'ai du mal à rester sans lunettes tout de même.

3- J'ai discuté de cela avec des agriculteurs qui justement ont pratiqué l'agriculture intensive à outrance. J'ai eu l'impression qu'ils ne comprennent pas les conséquences de ces pratiques car ils condamnent sans appel les "écolos" coupables selon eux, de tous leurs maux... Ils n'ont pas changé d'avis : on doit tout arracher, haies, bosquets, servitudes, travailler avec les pires produits, supprimer tous contrôles, supprimer tous les animaux concurrents et n'utiliser que des machines immenses aux nombreux chevaux polluants ... avec le crédo: "Mais qu'importe Jackie du moment que ça rapporte !". Est-ce que les nouvelles générations d'agriculteurs sont différentes ? Vu l'engouement pour le bio, on se prend à espérer que le monde maintenant va changer en mieux...de ce côté-là, bien sûr.

photos :

http://www.papvacances.fr/annonces/location-vacances-costa-brava-g79-r206801233

http://www.routard.com/photos/catalogne/32210-tarragone.htm

https://www.vacancesespagne.fr

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