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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


LES TROIS B : 5 avril 1770 : « Lou gran aygat des Rameaux ».

Publié par Jackie Mansas sur 1 Novembre 2017, 09:10am

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Capture d'écran carte état-major de Barbazan 1866

Capture d'écran carte état-major de Barbazan 1866

LES TROIS B : 5 avril 1770 : « Lou gran aygat des Rameaux ».

 

Ligne rouge : esponne de la Tuilerie

 

1 = route vers Cier de Rivière

2 = route vers Sauveterre de Comminges

3 = château de Barbazan

4 = route descendant de Barbazan au bas de l'esponne de la Tuilerie et remontant vers la route de Luscan - actuellement la route menant du village aux Thermes en bas et remontant en longeant la maison de retraite. Dans les siècles passés, ce chemin passait devant les cabines de bain et la source thermale pour rejoindre la métairie de Vignaux qui n'est rien d'autre que l'ancien Hôtel beau Site.

5 = route de Barbazan à Luscan mais pas celle que l'on connaît, non celle qui part du château dans la montagne juste au-dessus du village et qui débouche sur la route actuelle après le dernier virage au-dessus de l'hôtel Beau-Site.

6 = Moulin de Patoye

7 = canal venant de la Garonne à Luscan et se jetant dans la Garonne juste après le moulin. Et le chemin de halage qui va avec qui rejoint celui menant au port de Loures, rive droite du fleuve côté Barbazan.

8 = chemin reliant la route principale Barbazan-Labroquère-Saint-Bertrand de Comminges au port de Loures côté rive droite Barbazan.

9 = route principale Barbazan-Labroquère longeant le lac et la montagne.

10 = lac

11 = route nationale Saint-Gaudens-Luchon passant par le Bazert.

12 = Garonne 

13 = chemin transversal de la montagne de Pujo reliant par la montagne Barbazan à Luscan puis Galié et enfin Mont-de-Galié

 

Comme on peut le constater sur cette carte, le quartier du Vignaux était la plupart du temps humide et inondé dès que les pluies tombaient abondamment. A l'époque, il était assez difficile de drainer de telles terres car il fallait "assagir" le fleuve. Ce qui fut fait avec la construction des centrales électriques, le drainage par fossés mais l'eau est peu profonde....et les remontées sont visibles dans toutes les maisons construites sur les terres inondables de toutes les vallées où coule la Garonne.

 

On peut remarquer également que le fleuve dont le lit se trouve au point le plus bas de la plaine est large et quant elle déborde, rien ne peut l'arrêter tant vers Barbazan que vers Loures. Il faut noter que le port de Loures/Barbazan se trouvait en aval de la route actuelle, en aval du rond-point....

 

 

 

 

 

BELOUNE, BAPTISTE, BERTRAND...

 

 

La petite cesse de renifler et son visage se fige : le « Monstre » pourrait tuer sa sœur ? Elle n’aime pas ses « beau-frère » comme elle les appelle, car elle ne sait pas les distinguer l’un de l’autre et ça l’énerve au plus haut point ! Elle aurait préféré que Beloune épouse Baptiste et Bertrand mais Monsieur le Curé lui a assuré, le jour où, en confession elle lui avait confié son ressentiment, qu’en France, on ne se mariait qu’avec une seule personne mais qu’il n’était pas interdit d’en avoir deux, voire plus – il connaissait Beloune par cœur - dans sa vie à condition que personne ne le sache !

 

Apeurée elle répond en regardant sa mère dans les yeux :

- Ils sont dans la cabine de Monsieur le Comte !

- Tous les trois ?

- Oui.

 

Effarées, les femmes se regardent, elles savent parfaitement que lorsque les trois jeunes gens disparaissent ainsi c’est pour pratiquer l’amour ensemble, ce qu’ils font depuis la sortie de l’enfance. En fait, on ne sait pas très bien quand ils ont commencé mais sûrement très tôt, aux dires des mauvais esprits.... Tout le monde est au courant et rêve d’en faire autant mais ce n’est pas facile, Monsieur le Curé veille ainsi que le comte, militaire de renom au service du roi, qui veut que sur sa seigneurie, il règne une saine harmonie, le libertinage ne lui convenant guère ! Baptistine gronde :

 

- Dans la cabine du comte ! S’il l’apprend, les garçons vont partir en prison. Anaïs va les chercher, tu ne rentres pas, tu les appelles et tu leur ordonnes de revenir promptement car la Garonne déborde et c’est dangereux de rester là-dedans. Si l’eau arrive jusque là, ils n’en ressortiront pas vivants.

 

Fortunée opine du bonnet :

 

- Oui, dis-leur cela, sinon ils vont rire et ne t’écouteront pas.

 

Une rafale de vent emporte les dernières paroles et un tumulte effrayant que les trois femmes ne connaissent que trop bien les cloue sur place : elles tournent leur visage en même temps vers la plaine et voient des vagues énormes courir vers la butte où est bâti le village. On ne voit déjà plus le moulin Patoye, l’eau avance inexorablement vers l’esponne de la Tuilerie et de Péraro, les chemins du moulin et d’Espujos ont déjà disparus et la métairie de Vignaux commence à subir les assauts des vagues. Le village est bloqué, on ne peut plus y accéder que par les routes de Luscan, de Sauveterre et de Cier de Rivière, celle vers Labroquère qui longe le lac n’existe plus.

 

Les barques et les barges du port de Loures ont déjà filé avec le courant. Les pontons résistent puis dans un cri déchirant cèdent et sont immédiatement engloutis.

 

La désolation règne en ces lieux où la veille encore on allait et venait…

 

Fortunée hurle car le toit des cabines de bains couvrant la source d’eau chaude dépasse désormais de peu le niveau des eaux et tangue sous la violence des flots. Marianne et Baptistine répondent en écho et dans l’affolement le plus complet, courent à travers les champs transformés en bourbiers pour rejoindre le chemin de terre qui mène à la métairie. Les hommes les plus jeunes les suivent. Ils connaissent tous le secret des trois amis et espèrent pouvoir encore les sauver.

 

Elles tombent mais se relèvent les jupes trempées et salies par la boue. Elles arrivent en bas du chemin et Marianne se jette dans les flots mais les autres la retiennent, elle se débat et appelle son fils. Le courant est tellement fort qu’elles manquent d’être entraînées, les hommes arrivent juste à temps pour empêcher le drame. Un garçon rattrape au vol Anaïs qui, inconsciente du danger, court sans rien voir autour d’elle.

 

Anselme continue de sonner le tocsin du plus fort qu’il peut pour que le son porte le plus loin possible. De toutes les paroisses alentours, les cloches se répondent. On sent bien qu’elles se veulent rassurantes. Il faut à tout prix éviter que la panique gagne la population, aussi les consuls et la maréchaussée veillent, quoiqu’eux aussi soient terrifiés mais ne le montrent pas.

 

Devant la violence des vagues gigantesques qui atteignent le bas de l’esponne, les villageois reculent précipitamment et se tiennent debout regardant terrifiés, le bâtiment où la source jaillit auprès d'une modeste buvette et les cabines de bains, disparaître sous les eaux. Baptistine se penche à nouveau dangereusement appelant son fils qu’elle espère voir sortir des eaux. Mais rien ne se passe, Baptiste n’apparaît pas. Bertrand ne répond pas. Beloune non plus…

 

Elles insultent le Ciel : comment ce Dieu que tout le monde vénère peut-Il faire cela ? C’est impossible, impensable ! Elles supplient de sauver leurs enfants mais personne ne bouge. Il n’y a plus d’espoir de les retrouver en vie…

 


Jackie Mansas

28 octobre 2017

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