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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Galié 23 mai 1944 : les SS de la Greinzpolizei se vengent ....

Publié par Jackie Mansas sur 19 Avril 2021, 18:12pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Carte postale ancienne de Galié vue sur la vallée vers le sud

Carte postale ancienne de Galié vue sur la vallée vers le sud

C'est peut-être cet après-midi gorgé de soleil parfumé et lumineux qui me donne envie de reprendre le stylo pour continuer à écrire l'histoire de ce petit pays oublié au milieu des montagnes et qui porte un joli nom venu des temps lointains, la Barousse.
En fait on devrait dire le Val de l'Ousse, mais le nom est déjà pris quelque part dans les Hautes-Pyrénées et pourtant c'est exactement le même ! mais chez nous, ici, nous sommes tellement rugueux que nous avons décidé, il y a très longtemps que le V serait changé en B alors Val est devenu d'abord Bal puis Bar (un R vaut mieux qu'un L, n'est-ce-pas dans ce pays de falaises de rochers en tous genres, de galets de rivière...) tout comme par exemple, les Vernissats (lieux marécageux et couverts de broussailles et d'arbres de milieux humides, résistants aux crues...) sont devenus les Bernissats. Et tant d'autres ....
Ousse (les eaux qui coulent en ruisseaux et rivières tempétueux) a dû leur plaire et puis comme ce nom existait un peu partout, il suffit de consulter les cadastres,  et bien ils l'ont gardé et accolé : nous sommes donc grâce à eux en Barousse et les Pyrénéens de l'ouest sont en Vallée de l'Ousse...
Oui, en bons rugueux, ils ont transformé le L en R, ils ont dû trouver cela plus "joli" ! En fait, vu le caractère et la personnalité des habitants, Barousse et non Balousse leur correspond mieux... En plus si c'était Valousse... serions-nous différents ? Contents ? Mécontents ? Bons caractères ? Allez savoir !
Non, non c'est très bien comme ça.... Ma maman disait "qu'il faut de tout pour faire un monde, du bon et du mauvais mais dans chaque humain, il fallait voir ce qui le rendait "beau"..."
C'est comme ça la vie, enfin l'histoire...
Il fait beau comme ce jour de mai 1944, les  22 et 23 plus exactement. Les Allemands et plus particulièrement ceux de la Gestapo, sont fortement énervés car les nouvelles ne sont pas bonnes du côté de l'armée des Alliés dont la mission est de chasser les nazis des pays qu'ils occupent et de les erradiquer si on le peut. Ultime espoir de voir la démocratie et la liberté de vivre comme on le veut, revenir très vite.
Les Alliés s'apprêtent à débarquer on ne sait pas très bien où, mais  d'après le travail des réseaux d'espionnage ultra perfectionnés des nazis, ce serait du côté des plages normandes.
On renforce les positions des blockhaus du mur de l'Atlantique, terrifiants ouvrages tenus par des soldats déterminés à sauver la soi-disant grandeur du Reich hitlérien et qui sèmeront la mort  lors du débarquement de juin 44.  Les soldats Alliés seront des milliers venus de tous les pays d'Europe mais aussi et surtout des Etats-Unis pour débarquer sur les plages normandes ensoleillées. Pour une très grande partie d'entre eux, ce qu'ils verront très vite de la France avant de mourir sera ce ciel bleu et ce soleil heureux...
Merci à eux d'avoir voulu nous libérer du joug de la haine... qui existe toujours malheureusement
Dans les salons feutrés où l'on se reçoit encore pour soutenir "l'ami allemand", la peur de l'avenir est omniprésente mais les nazis et leurs amis collabos espèrent encore que même si les Alliés gagnent la guerre, on saura, contre espèces sonnantes et trébuchantes, les oublier.
Le sergent Charles Dethlefs, dernier commandant de la greinzpolizei ne décolère pas, il multiplie les actions, arrêtant à tout va, restant le bourreau zélé qu'il a toujours été.
Ce mois de mai, dans sa belle villa transformée en centre de tortures, la Villa Raphaël à Luchon, siège de la Greinzpolizei, il apprend une sinistre nouvelle : le procureur de Saint-Gaudens vient de libérer le soi-disant passeur Bordes, que Dethlefs avait arrêté pour ses activités de passeur sur le secteur des Frontignes et Saint-Béat, sur dénonciation et sans preuves.
Bien sûr, il était passeur, ravitailleur et chef de maquis mais comment le prouver vu le nombre de Bordes qui cohabitait dans cette région ! Il était un Bordes parmi les autres mais sur la dénonciation d'un zélé - supposons-nous - parce qu'il fallait savoir que les jeunes réfugiés du STO et autres candidats au pasage en Espagne transitaient par ce village. Galié était le siège de la Résistance dans la plaine de la Garonne et le départ d'un chemin "vers la liberté". 
Dethlefs l'avait arrété et pour montrer sa bonne volonté  - il n'avait aucune preuve et comme la population se montrait rébarbative malgré la peur qu'il inspirait - il avait fait semblant d'être magnanime. Mal lui en pris, vu que le procureur connaissait les activités de tous les Bordes de la région et qu'il s'empressa de le libérer (1).
Fou de colère, le SS demanda ou plutôt ordonna à ses deux grands amis de Galié (2) de découvrir rapidement où se trouvait la cache du maquis, dans quelle maison et qui, dans cette maison, était le complice de Bordes pour organiser des réunions clandestines et les passages vers l'Espagne.
Tout le monde savait que Galié était une base de la Résistance comme Luscan pour la partie Frontignes car idéalement situés du côté droit de la Garonne tandis que Bertren et Bagiry se trouvaient sur la rive gauche et dans la même situation de sentinelle pour les maquis de Nistos/Esparros et du luchonnais, en fin de vallée de la Garonne. Mais savoir dans quelle maison de Galié, ils se réunissaient, là était le problème.
Pourquoi ? Promenez-vous dans le village, prenez toutes les rues et ruelles même enherbées et vous comprendrez très vite. Durant les jours suivants, les mauvaises âmes pas forcément du village, précisons-le, entreprirent de le surveiller.
Ce n'était pas difficile, les ruelles sont étroites et sombres, on peut, si on est bien caché chacun dans  un quartier voir arriver les ombres. Mais de l'église aussi on peut dénicher aussi ces ombres. Les nazis adoraient les clochers qu'ils appelaient "le perchoir" afin de surveiller sur de longues distances de clochers à clochers. Les clochers -tours étaient occupés 24h sur 24 !
Et le pire arriva. 
A suivre
Jackie Mansas
5 avril 2021 (publication)
vielle maison dans une impasse où par exemple on peut se cacher, la photo est moderne mais la maison a très peu changé depuis des décennies

vielle maison dans une impasse où par exemple on peut se cacher, la photo est moderne mais la maison a très peu changé depuis des décennies

NOTES
1 - J'ai trouvé l'information sur tous les Bordes  sur un site relatant la libération de Saint-Gaudens  et sur le Bordes de Galié, il est mentionné dans les archives militaires.
2 - les familles ont disparu  et il ne reste plus personne pouvant raconter quoi que ce soit et même s'il en restait, ils seraient apeurés à l'idée de parler : souvenir de cette nuit horrible où la vue du cadavre déchiqueté par les grenades a marqué à jamais ceux qui l'ont vu ? Souvenir du pillage suivi de l'incendie provoqué par les SS et qui détruisait la vie de toute une famille ?
Peur des collabos qui ont eu le vent en poupe de 1946 aux années 80-90 et que l'on craignait car, bien entendu, on pouvait avoir besoin de leur pouvoir pour régler un grave problème, pour placer les enfants dans un bon emploi ?  On ne saura jamais et cela vaut mieux, gardons en seulement le souvenir.
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