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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Barousse : les communautés aux 17ème et 18ème siècles... 2

Publié par Jackie Mansas sur 25 Octobre 2017, 12:00pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Capture d'écran Anla, Sarp, Milhas, Loures, Bertren : carte de Cassini

Capture d'écran Anla, Sarp, Milhas, Loures, Bertren : carte de Cassini

Continuons de marcher de village en village dans la Barousse de nos ancêtres...

 

 

Villages de plaine de la Basse-Vallée.

 

 

"Pour Anla qui signifierait "aller au loin", son ancienneté ne peut être mise en doute malgré la tenace légende qui voudrait que les habitants de l'antique village d'Adignac situé sur le versant sud-ouest du Picon, en fait du Mombourg qui est son prolongement vers le cirque de Saint-Bertrand de Comminges, l'aient déserté en 1348 à cause de la peste. Les survivants seraient alors descendus vers le plateau surplombant l'Ourse pour fonder une nouvelle communauté. Mais Anla existait en 1321 et l'enquête de 1387 mentionne bien Aveux et Adignac comme desservis par le même recteur. (1)

 

Pour Loures, dont le nom romain est Lora ou Lura (2), il a été crée par les Romains car sa situation au-dessus des marais et à l'écart des routes principales en faisait le lieu idéal pour y reléguer tous les parias de la région. Il fut le refuge des cagots et autres "indésirables". Pendant des siècles, il a vivoté autour de sa chapelle dédiée à Saint-Roch. 

 

Partout, sauf à Antichan, on a trouvé des vestiges gallo-romains : ceux de Loures ont été donnés au musée de Saint-Bertrand mais deux méduses ont été incluses dans le mur du clocher à droite du proche en entrant.

 

A Izaourt, en plus de l'autel votif, on a trouvé dans le mur de l'ancienne église, une plaque funéraire de marbre : deux bustes de femme dans une niche rectangulaire. Une légende raconte que les habitants remercièrent par cet ouvrage une dame de la noblesse qui aurait financé la construction de l'église (3) mais ce n'est en vérité qu'une plaque funéraire romaine.

 

A Anla, on a trouvé trois autels de marbre blanc dont l'un originaire de la chapelle d'Adignac porte l'inscription "Au dieu Borennus, Monsus, fils de Taurinus" (4) et les deux autres à Notre-Dame de Lhers dit du Milieu, ainsi que d'autres vestiges à Anla même.

 

Adignac, Lhers, le Plaa et Ardoun constituaient au XVIIème siècle des hameaux. Les trois premiers ont été désertés probablement à cause de l'exposition et de la difficulté d'exploiter les terres, le site d'Ardoun est différent, légèrement et accessible bien qu'encastré entre le Montégut et le Cap de Mouhous. En 1833, Lhers et Plaa étaient couverts de futaies et pour arriver à ce stade, il faut un minimum de 150 temps.

Là où il y a futaie, il y a toujours eu ce type de forêt plus ou moins étendu ; cependant à cette date, il ne subsistait que quelques parcelles dans les endroits non exploitables.

 

 

Plaine de la Garonne.

 

 

Bertren, Saléchan et Siradan sont de même origine et se ressemblent dans le choix du site, la constructions des habitations et la signification de leur nom. Dans les trois communautés on a retrouvé des vestiges gallo-romains.

 

A Bertren a été mis à jour en 1960 lorsque les ouvriers du Syndicat des Eaux de Barousse et Comminges ont creusé dans la rue de l'église, des fragments d'hypocrauste. On aurait également découvert dans la cour et le jardin d'une maison, des constructions souterraines assimilées à des canaux d'évacuation des eaux de la montagne mais également, pour amener l'eau d'une source thermale (7) jusqu'aux thermes qui seraient en dessous de l'église actuelle...

 

Dans le vieux quartier, lors du creusement d'un puisard, une épaisse couche de briques rouge couvrant une certaine superficie. D'après beaucoup de légendes, Bertren aurait son sous-sol truffé de souterrains, dont l'un d'entre eux a été fermé en 1970.

 

Bertren, selon certains érudits, voudrait voir l'origine de son nom dans l'expression "trembles verts" qui abondaient dans les marais, mais cette appellation est apparemment fausse car le tremble est dit "trèm", "trémou", "tremoulè".

La couleur verte se dit en gascon : "verdura"...

 

Au niveau des arbres, l'aulne se dit "vèrn" soit en langage montagnard "bèrn", le Tremble se dit "trémol" donc les érudits qui ont eu l'idée de traduire le terme Bertren par le français "tremble vert", ont été à côté de la plaque... parce que le tremble vert aurait été traduit par "trémol vèrn ou bèrn" bien sûr on pourrait écrire "bèrn trémol" mais alors ça ne voudrait rien dire.

 

Et ce n'est pas la peine de chercher dans les dictionnaires latin, ce n'est pas un mot d'origine latine sauf s'il s'agit du nom du fondateur du village...

 

Pour avoir une petite idée de ce que signifie cette appellation, il suffit de repartir très loin, au temps des Romains qui se sont établis sur ce contrefort du Picon au bout du seul grand terrain sec qui surplombait la Garonne, ses trous d'eau, ses marécages et dont les seuls accès se trouvaient dans la montagne. Bien sûr, il leur fallait défendre ce territoire au bout de l'empire et donc y créer un réseau routier et un autre de défense, alors sur cette butte, on y bâtit un fort et sur le plat, la villae du militaire qui le commandait avec piscine, thermes et entre les deux des habitations pour les  esclaves et peut-être pour une population indigène Convènes. 

 

Et également, une sorte de caserne pour les gardes, le tout entouré de remparts pour délimiter le territoire urbanisé. Pouvait-on arriver depuis la plaine inondée de la Garonne ? Bien sûr par le gué qui devait se situer au bout du chemin du Badet. Et à mon humble avis, le lieu-dit prit le nom de son propriétaire et nous ne saurons jamais qui il était car TOUS les noms ont varié au cours des siècles et n'ont été fixés qu'au 18ème... Et puis doit-on vraiment savoir ? 

 

 

Barousse : les communautés aux 17ème et 18ème siècles... 2

Cette vue aérienne de Bertren que j'ai modifiée (pardon ça fait un peu clown mais en l'absence de logiciel "effaceur", je fais au petit bonheur la chance...) schématise ce que pouvait être le lieu jusqu'au 15ème siècle, avant que la Garonne ne change son cours :

 

Lignes larges blanches : routes utilisées à la période romaine.

A gauche, l'antique chemin venant de Lugdunum, Sarp, Anla, Adignac, Bertren, Bagiry, Siradan, Saléchan  serpentant dans le massif forestier car la plaine est impraticable. A droite, en fait la route actuelle mais beaucoup moins large et recouvertes d'ornières.

Ligne bleue : tracé de la Garonne à cette époque avant le 15ème siècle. Et descendant du massif : La Goutille au centre du plateau du Vignaou, et au sud : le ruisseau de Labau.

Ligne violette : marécages et trous d'eau que laissait la Garonne en permanence

Plaques grises : terres cultivables avec hautains sur Bertren "plateau du Vignaou"

Plaques vert clair : tourbières

Plaques jaunes : villages bâtis

Ligne rouge : remparts

 

 

&

 

 

On a longtemps raconté que Saléchan devrait son appellation à la profusion de saussaies (saules et osiers) qui poussaient le long des rives de la Garonne, mais la découverte de plusieurs autels votifs dans le Hourmigué et dans le village même, ainsi que des plaques funéraires, prouve son appartenance au domaine de Siradanus. Il y aurait eu de nombreux artisans de la pierre dont la renommée dépassait les limites de la vallée. La paroisse - riche, peuplée et considérée - avait son blason : un escargot d'or et une onde bleue sur fond d'argent. Les escargots constituaient la spécialité du village car ils pouvaient être ramassés en tout temps, étant fort nombreux. On avait surnommé les saléchanais "ets escargouillès". (8)

 

A suivre

 

Jackie Mansas

22 octobre 2017

 

 

 

 

NOTES

 

1 - A. Sarramon - Paroisses du diocèse de Comminges en 1786

2 - Boyer-Billon-Duran : La Barousse. 

En ce qui concerne cet opuscule, il faut prendre certaines informations avec circonspection car les auteurs et en particulier l'un d'entre eux, avaient l'habitude de prendre des raccourcis en fonction des infos qu'ils recueillaient sur les documents anciens. Mais précisons toutefois que la présence parmi les auteurs de Mr Paul Duran garantit la véracité de la grande majorité des informations...si vous avez, en son temps, acheté le petit livre ou si vous le trouvez par hasard dans un vide-grenier...

3 - Cette plaque funéraire a été incluse au-dessus du porche de l'église actuelle.

4 - A. Sarramon

5 - Cette rue a été rebaptisée Pountet parce que la famille qui avait acheté une parcelle ... agricole... pour bâtir une villa en terrain inondable et très humide devait passer sur un petit pont sur le fossé....la route ancestrale qui portait le nom de l'Agaou a été rebaptisée de Suberbielle alors que le quartier qui portait ce nom depuis la nuit des temps historiques se situe de la route départementale ancienne route nationale 125 et ancienne route royale à la lisière de la forêt... C'est comme ça...

6 - Fragments de colonnette  momnolithes en argile cuite, de brique et de ciment rouge caractéristique des opus signicum. revue de Comminges 1964 PER 13

7 - Un vieux monsieur de Bertren m'avait décrit l'ouvrage de captation des eaux qui se trouve dans un terrain jouxtant la lisière de la forêt dans l'enceinte du castet. On ne sait pas où il se trouve.

8 - Mangeurs d'escargots, Nouvelle République 1954

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