Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Barousse : les communautés.

Publié par Jackie Mansas sur 25 Octobre 2017, 11:31am

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Carte de Cassini la Barousse à la veille de la révolution.

Carte de Cassini la Barousse à la veille de la révolution.

 

 

Commençons le voyage dans les communautés

baroussaises d'antan.

 

 

La Barousse est composée de 25 villages qui n'ont pas tous la même origine ni la même date d'établissement. Certains ont abrité des populations préhistoriques. Puis les Gallo-Romains ont bâti des domaines sur certains sites qui se sont transformés en villages au Moyen-Age. Certains ont vu le jour à la fin de cette période et quelques uns disparurent au XIVème siècle. Mais en 1660, tous ceux que nous connaissons aujourd'hui existaient.

 

 

Leur superficie a évolué au cours des ans. Les plus anciens, Sost, Peyremilla, Ferrère, Ourde et Esbareich dans la Haute-Vallée, Siradan, Saléchan, Ilheu, Troubat, Bramevaque, Antichan, Adignac, Belesta, Batpouy, Créchets, Izaourt, Samuran et Tibiran-Jaunac se ressemblent étrangement par le choix de leurs sites et de leurs habitations. Loures, Antichan, Bertren, Milhas, Sarp, Anla, Siradan et Saléchan ont des origines gallo-romaines.

 

 

Peyremilla, dont le nom signifierait "pierre à fabriquer le pain de millet ou le millas", constituait en 1660 une communauté indépendante, date à laquelle un Messire de Peyremilla recevait en fief du Baron de Mauléon le territoire du même nom.

 

Mauléon est né au confluent des deux Ourses pour célébrer l'union de Bernard de Mauléon de Soule et de N. de Labarthe tandis que Batpouy déclinait lentement au profit de la nouvelle ville plus accessible, plus riche et plus prestigieuse.

 

On distingue en Barousse trois sortes de villages : ceux de la plaine, ceux des coteaux et ceux de montagne.

 

Le bassin de Loures-Barbazan-Saint-Bertrand de Comminges est large - 13 kilomètres de longueur, 9 km de largeur - et malgré son altitude relativement basse - 450/550m - il est typiquement un bassin de montagne qui a été soumis à l'action glaciaire. Plusieurs buttes s'élèvent ça et là, prouvant l'existence de nombreux vallums, se prolongeant en aval et orientés ouest-est. La vallée de Barousse, comme celle des Frontignes en amont du fleuve, offre le profil en auge caractéristique des érosions glaciaires. Les deux bassins de Loures et des Frontignes où se situent Siradan, Saléchan et Sainte-Marie sont séparés par Bertren qui se trouve encastré entre les deux vallums de Luscan et de Galié - 1000 mètres - déposés là au fur et à mesure que le glacier reculait. (1)

 

 

 

&

 

 

 

Les villages de plaine occupent tous une butte contre la montagne, afin de protéger les habitations des inondations et à part Gembrie et Sainte-Marie, tous ont une origine gallo-romaine. Izaourt et Sarp doivent même être antérieurs à cette époque. Les prisonniers ramenés par Pompée ont défriché la plaine autour de Saint-Bertrand de Comminges pour s'y installer. Mais les communautés de pasteurs occupaient déjà ces terres traversées par l'Ourse dont les crues soudaines ont déposé des alluvions. Les bois de saule, de trembles, d'aulnes et d'autres arbres de zone humide abondaient. Pendant longtemps, on a cru que Izaourt dérivait de Isis, déesse des eaux (2), mais la découverte d'un autel votif à Isornaussi (3) nous en donne une autre signification. Ce dieu antique était adoré en Barousse bien avant l'arrivée des Romains. Le village est mentionné sous l'appellation d'Izaort dans le terrier de 1525 et Issaourt dans celui de 1667, enfin Izaourt dans celui de 1750.

 

Précisons que durant des siècles, les noms de lieux, les patronymes, les lieux-dits ont été modifiés pour en arriver à ces appellations actuelles.

 

Quand à Sarp, il a constitué depuis toujours une halte sur le chemin de Lugdunum d'abord, Saint-Bertrand ensuite, pour tous les voyageurs et pèlerins.  Le hameau de Millas dont le nom signifierait  "petit" millet" (4) sis sur la colline marquant la limite de la commune avec celle de St-Bertrand est mentionné au XVIIème siècle comme étant indépendant.

 

En fait, il fut donné en fief à un certain chevalier de Millas par le baron de Binos de Sarp de Bertren. Celui-ci possédait conjointement avec le roi, la justice haute, moyenne et basse sur les trois paroisses et bien évidemment percevait des revenus sur cette seigneurie.

 

Le baron résidait dans cette belle bâtisse que l'on nomme le "château" à l'entrée de Sarp,  bâti sur l'emplacement d'une ancienne tour de guet disparue au XVème siècle. (5) A la Révolution de 1789, le domaine fut considéré comme bien ecclésiastique car les derniers descendants de cette famille étaient religieux. De 1527 à 1793, les de Binos fournirent six chanoines et un prieur à Valcabrère dont le fameux Marie-Dominique, chanoine de Saint-Bertrand, mais "grand voyageur devant le Levant" (6).

 

En 1819, la châtelaine de Binos épouse du marquis du Bouzet, de Toulouse, intentât un procès contre la commune pour qu'on lui rendre la propriété des bois. Elle perdit et vendit alors le château et les terres (7).

Antichan, Siradan et Saléchan ont appartenu à de grands domaines gallo-romains, Antichan à la famille des Antistii tout comme Antichan des Frontignes et les deux autres villages à Siradus, propriétaire du domaine de Siradanum mais il serait plus plausible que vu son terroir très peu étendu entre la Garonne et la montagne avec pour seules parcelles cultivables, celles couvrant le plateau - actuellement Vignaou - Bertren ait été un petit domaine à vocation militaire comme Galié et Luscan dépendant de l'adminsitration raomaine de Lugdunum.

La communauté a toujours été de petite importance.

 

A suivre

 

Jackie Mansas

19 octobre 2017

 

 

 

NOTES

 

Pour faire connaître la Barousse d'antan, ces articles sont simplement recopiés dans ma thèse de doctorat "Les Communautés de Barousse et la forêt du 17ème au 19ème siècle" soutenue le 24 juin 1983 à la faculté d'Histoire de Toulouse-le-Mirail.

Merci d'en prendre note avant de donner son avis sur l'histoire de la vallée... (?).. et des forêts sur d'autres sites où les erreurs d'interprétation abondent. Il serait plus utile de les donner sur le mien... comme cela ce serait plus logique non ? 

Mais il faut dire que les erreurs des uns et des autres engagent une discussion et c'est en parlant que jaillit la lumière...

 

Rappelons plusieurs points :

 

1 - le mot Barousse veut dire La vallée de l'Ourse : bar = val en gascon ; ourse = ousse "les eaux" en gascon. (voir mon article)

2 - le château de Bramevaque n'a jamais appartenu au comté de Comminges, erreur d'interprétation car :

 

* le château bâti sur le modèle des forts romains est tout simplement à l'origine un fort romain rebâti au 8ème siècle enfin restauré disons  plutôt sur l'ordre de Charlemagne qui en créant les Marches aux frontières de son royaume a placé à la tête de cette nouvelle organisation militaire et politique " un comte, révocable, pour gouverner ce territoire succédant à un ancien "pagii". Cette fonction serait équivalente à celle d'un Préfet actuellement. La Marche du Comminges s'étendait du Couserans jusqu'aux vallées d'Aure et de la Neste actuelles. 

 

* à sa mort par vanité et esprit de lucre, la fonction de comte comme celle de duc, datant de l'empire romain (un duché regroupait de nombreux comtés) devient un titre de noblesse héréditaire. La marche de Comminges devient le comté du Comminges mais rive gauche de la Garonne jusqu'aux vallées du luchonnais âprement disputées entre les deux comtes Comminges et Bigorre ; Lugdunum en fait partie car siège du diocèse du même nom qui garde ses "frontières" anciennes. Bramevaque qui menace ruine est alors rebâtie toujours sur le même modèle et devient une place-forte militaire ce qu'elle a toujours été - plus ou moins - depuis l'époque romaine.

 

* les territoires sis  rive gauche de la Garonne deviennent par apanage et succession propriétés de la maison d'Aure alliée à la maison d'Aragon puis au fil des héritages propriété de la vicomté ou baronnie de Labarthe puis passent à la Couronne de France.

 

Le seul château des Comtes de Comminges qui a existé est celui de Fronsac qui était la capitale d'abord de la Marche puis du comté.

 

 

LEXIQUE

 

 

1 - Revue de Comminges, Arch. Dep. HG WMS 7, d'après Melle Chevalier " Glaciaire de Barousse"

2 - J-L Pène : La Barousse

3 - Victor Cazes le découvrit au 19ème siècle.

4 - Cénac-Moncaut

5 - Cartulaire de Barousse - Coutume du 20 février 1398

6 - de nombreux propriétaires se succédèrent  jusqu'en 1935 où un agriculteur acheta la propriété entière.

7 - A.Sarramon - Paroisses du diocèse du Comminges en 1786.

 

 

"Wikipédia :

À l'époque franque, sont constitués de grands commandements qualifiés de duchés. À partir des VIe et VIIe siècles, le duc est le maître de toute une région, sinon d’un peuple et joue un rôle capital dans la structuration du royaume franc. Le duc est assimilable à une sorte de gouverneur général. Il exerce, au nom du souverain, des pouvoirs de nature militaire et judiciaire sur un ensemble de comtés. Ainsi, le «duché du Mans" (Ducatus Cenomannicus ou Cenomannensis) couvre 12 comtés situés entre la Seine et la Loire. Le nombre des ducs à l'époque mérovingienne a pu être assez élevé ; pour la seule armée qui en 590 marche contre les Lombards, Grégoire de Tours  parle de vingt duces et l’exercitus Burgundionum lancé par Dagobert Ier contre les Gascons en compte dix, dont les noms et nationalités sont connus"

.

 

Charlemagne réorganise son empire et le duc - gouverneur militaire - administre plusieurs comtés.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents