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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Barousse : l'aménagement de la vallée avant la Révolution...4

Publié par Jackie Mansas sur 22 Février 2018, 17:17pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

La Barousse vue du haut de la vallée

La Barousse vue du haut de la vallée

Continuons la promenade en Barousse que nous avions interrompue pour prendre d'autres chemins.

 

Nous nous étions arrêtés à Bramevaque que nous avions survolé mais nous reviendrons en détail tout au long de nos pérégrinations dans les siècles passés....

 

Sur l'autre rive de l'Ourse, en vis-à-vis, Ilheu et Samuran sont perchés sur des éperons rocheux et ont les mêmes origines lointaines. Ilheu ou Ilheou est posé tout contre le Picon à proximité du sommet. Certains auteurs prétendent que le village fut fondé par les survivants de l'antique Ilheu au pied du Monsacon et dont il ne reste que la chapelle dite du Plan d'Ilheu ou Notre Dame du Milieu.

 

Ils auraient remonté un village gallo-romain abandonné, ce qui est d'ailleurs peu vraisemblable. On a retrouvé un autel de marbre portant l'inscription : "A Jupiter très bon, très grand, Antonius Vendémialus" et une auge à incinération en marbre blanc dont "l'un des côtés est décoré d'un feston encadrant un dessin terminé à la partie supérieure par quatre têtes d'oiseaux affrontés deux à deux et surmontées de trois losanges, une colonne obéliscale décorée d'une palme, sur socle avec croix gammée et également, une partie de colonne semblable à la précédente (1)". On ne comprend pas pourquoi les paysans auraient quitté un site aussi remarquable : terroir riche, chemins praticables et peu éloignés des routes à grande communication, exposition ensoleillée, forêt proche et giboyeuse... 

 

Chapelle du Plan d'Ilheu, Notre-Dame du Milieu

Chapelle du Plan d'Ilheu, Notre-Dame du Milieu

 

Les deux communautés existaient ensemble et s'étaient données le même nom car en face l'une de l'autre de chaque côté de l'Ourse, elles pouvaient communiquer facilement par le langage perdu des montagnards "le Ilhet" (hennissement). Les montagnards de tous pays ont pratiqué cette langue particulière qui consistait à s'interpeller d'un lieu à un autre parfois très éloigné et ainsi de communiquer. Chaque intonation avait une signification (2). A cause de leur situation auprès des bois, les habitants d'Ilheu était appelés "les hiboux" (3), surtout par leurs voisins les plus proches de Samuran, ce dernier n'étant composé que de quelques maisons. Il a toujours été l'une des plus petites communautés de Barousse. L'église bâtie à la fin du XIIème siècle pour un faible nombre de paroissiens n'est rien d'autre que la chapelle castrale du castet qui a existé en ce lieu. Il s'est écroulé au début du 20ème siècle comme un château de cartes.

 

Samuran comme Antichan a appartenu à la famille gallo-romaine des Antistii et a été donné ensuite au Moyen-Age en fief à quelque noble famille. Puis la paroisse a été constituée malgré le nombre peu élevé de sa population. Il a été crée au IIIème siècle car les vestiges retrouvés et incrustés dans les murs de l'église (une auge funéraire décorée de rosaces et de divers motifs) sont en marbre gris de Saint-Béat et datent de cette époque. Quant à son hameau Cazaux qui signifie jardin en gascon, il n'est apparu qu'au XVIIème siècle lors de la grande vague de défrichement.

 

 

Il faut retourner sur le Gouhouroun et la vallée qu'il creuse, pour retrouver le même type de village à Thèbe, bien abrité par une avancée rocheuse du Gert qui rejoint à cet endroit le plateau de Gouardère. le site est magnifique, sauvage, ensoleillé et pourvu de sources abondants. On a retrouvé un fragment d'autel votif avec une inscription : "Au dieu... Oson Bulio". Le village primitif se trouvait sur l'autre rive du torrent, là où reste le cimetière.  Il aurait déménagé lors d'une épidémie, mais il est plus logique de penser que les paysans préférèrent s'installer là où leurs habitations et par là-même leurs vies, étaient protégés de tout danger.

 

Dans le cadre des conditions climatiques plutôt froides d'avant l'an mil, le site de Bélesta au pied du Mayrou était plus favorable que l'actuel site de Thèbe encastré  dans un défilé dominé par la barrière rocheuse du Gert au nord et le mailh de Gouardère au sud.

 

Cette implantation primitive s'explique par le fait qu'il était plus facile et plus rapide de rejoindre le village d'origine gallo-romaine de Siradan dans le Mayrou et Saléchan plus riche et plus sécurisé dans la vallée de la Garonne avec ses différents forts militaires de Barbazan, Luscan, Bertren, Galié, Siradan, Fronsac, Esténos, Marignac. Mais le plateau est quand même battu par le vent et assez humide, d'où le déménagement dès que le climat se réchauffa à la fin du 12ème siècle car le défilé de Thèbe était plus agréable à l'abri des forts vents glacés d'hiver.

 

Barousse : l'aménagement de la vallée avant la Révolution...4

 

Le défilé de Thèbe entre le mailh de Gouardère - en rouge ; le massif du Gert - en violet ; et le mailh de Mayrou - en vert clair. On voit bien que l'implantation de ce village n'a pu se faire qu'à partir du moment où le climat a changé car vu les vents qui soufflent lors des périodes historiques froides, il est plus conseillé d'établir une communauté à l'abri, contre un mailh orienté au sud et plat tel le plateau qui s'étend à la sortie du petit col du Gouhouroun et avant d'arriver à Cazarilh malgré l'humidité des lieux dus au ruissellement des nombreux ruisseaux descendant des massifs environnants et provoquant l'apparition de zones marécageuses.

 

 

Ce nom aux consonances égyptiennes viendrait tout simplement de Tebet, qui en gascon signifie tiède, doux. On écrivait d'ailleurs Tébé  mais on dit aussi que les romains charmés par le décor sauvage, solitaire et en même temps si agréable auraient voulu donner à la communauté le nom de cette ville lointaine qui les avait éblouis...

 

Nos ancêtres avaient de l'imagination mais laissons les rêver car il est peu probable que les gallo-romains seraient venus s'installer dans ce défilé peu facile d'accès et loin des voies de communications. Et comme il faisait froid, ils préféraient la plaine de la Garonne riche et large et quelques lieux de la Vallée intérieure bien placés et surtout, surtout : plats ! Il est plus logique de penser que ce nom gascon a été donné à la communauté dès qu'elle s'est installée à partir du moment où les hivers ont été moins froids, les printemps et les automnes moins humides et les étés plus chauds. A partir du XIIIème siècle, justement à cause de ce radoucissement de la température, partout des villages et des villes nouvelles bien dénommées bastides ont vu le jour.

 

 

Les paroisses voisines surnommaient les habitants de Thèbe "Ets Taouas", les taons (4), car leurs réparties fusaient naturellement à chaque remarque jugée par eux fort déplaisante, de manière piquante et parfois profondément blessante. Ils étaient soi-disant, assez fiers d'eux-mêmes et "marchaient sur la pointe des pieds" (5).

 

Mais les montagnards et les baroussais en particulier, ont toujours été prompts à se moquer des autres bien souvent cruellement. C'était sans doute à l'origine de la formation des esprits selon la culture naissante des communautés, un moyen de se défendre sans prendre les armes... et puis c'est devenu un jeu cruel. Mais c'était aussi pour se défouler lorsque la vie était trop dure, pour évacuer le stress...

 

Mais attention cela n'est pas de l'humour ! Du tout, du tout...

 

Fort heureusement  que la soi-disant "rigolade" a changé de visage et est beaucoup moins blessante que lorsque j'étais jeune, par exemple.

 

Il est vrai, je le reconnais, moi aussi vraie montagnarde dans l'âme, je m'amuse souvent, très souvent à rire des situations... uniquement ! Jamais du physique ni de la personnalité de qui que ce soit et je prends toujours soin à ne pas faire de la peine (mais bon, parfois - très rarement quand même - c'est mal pris) car, en ces temps pas tout à fait lointains où la jeunesse avait gardé l'esprit "méchant" des parents et autres ascendants, j'ai vu tant de gens meurtris...

 

Lorsque les "jeunes" se permettaient d'humilier les personnes plus âgées ou bien des gens gentils incapables de se défendre, sur leurs physiques, sur leurs caractères, sur leurs savoirs... c'était d'une tristesse de voir la plupart des comparses se bidonner bêtement ....(6)

 

Ma mère nous a toujours dit qu'avant de juger et de se moquer des autres, il fallait se regarder soi-même parce que l'on n'était pas si bien que ça à l'intérieur... et toujours regarder plus petit que soi car cela nous apprend l'humilité.

 

Mais bon, heureusement le temps change les mentalités malgré que les "méchants" d'autrefois ne se sont pas amendés car l'âge n'arrange rien, bien sûr.

 

A suivre

 

Jackie Mansas

22 février 2018

 

 

 

 

NOTES

 

1 - Jean-Léonard Pène : la Barousse. Ce ne sont pas des croix gammée nazies mais des svastikas qui célèbrent quant à elles, la vie et la sagesse.

2 - A Bertren mon grand-père et son fils aîné Jean-Baptiste pratiquaient cet art/sport quand l'un se trouvait dans le Picon et l'autre au bord de la Garonne afin de lancer des messages. Le système de portable par satellite de l'époque ? 

3 - Nouvelle République

4 - Madame Bellus Augustine +

5 - Nouvelle République

6 - témoin cette réflexion que je n'ai jamais pu oublier : il y avait une famille adorable au village qu'une autre famille (beaucoup moins) ne pouvait pas supporter à cause de ses origines et je viens de le comprendre, à cause de son implication dans la Résistance. La seconde bien évidemment n'avait pas les mêmes opinions et pratiquait la méchanceté verbale avec plaisir, c'était pour eux très jouissif...

Un jour qu'un des enfants avaient maltraité le fils (6-7 ans) de la dame "adorable" de cette maison, celle-ci avait voulu riposter pour défendre son garçon, elle s'entendit répondre :

"qu'est-ce que tu as à dire toi ? retournes dans ta pourcingle (porcherie) pour t'y cacher et faire le ménage, tu pues..."

Et les autres de rire alors que la brave dame qui était très propre et qui tenait bien sa maison, rougissait, incapable de rétorquer quoi que ce soit... Elle tourna les talons, les larmes aux yeux...

Et les cris de joie : "Elle se l'est pris à travers la gueule hé ! ; t'as vu sa gueule maintenant, elle ne va plus faire sa fière ! ; elle va se le laver son c.. maintenant, tu as bien fait ".... et tout à l'avenant. Madame Castex rétablit l'ordre et fit la morale mais ils n'allaient pas s'amender pour autant...

 Et oui, c'est si rigolo de faire de la peine.... Mais c'est aussi une bonne tactique pour soumettre les autres à un pouvoir dictatorial.

D'ailleurs la technique pour prendre le pouvoir même à petit niveau et imposer ses idées ou bien voler les héritages, pour certaines personnes est le suivant :

 

En premier lieu : déclassement social

 

Pour y arriver plus ou moins rapidement, il faut plusieurs critères :

 

- appauvrir, humilier, salir, répandre des rumeurs nauséabondes en impliquant d'autres personnes pour mieux prouver - en général, les personnes impliquées ne rétablissent même pas la vérité... la victime est en bas de la société alors...On écoute les "en-haut".

-  faire passer la personne ou la famille pour des va-nu-pieds, on répand des rumeurs comme quoi,  ils sont sales donc ils ne se lavent pas ; ils vivent dans un environnement sale ; donc ce sont des marginaux, des asociaux...

- faire passer le futur déclassé pour fou, alcoolique, drogué ; là, plusieurs options soit en lui offrant à boire et en l'invitant partout pour lui faire croire qu'il est un "ami bien intégré.... ça marche toujours et rien à faire, on a beau leur dire qu'ils sont maltraités, la réponse est la même "mais ce sont mes amis..."

- soit on le drogue tout simplement, et là les produits sont légion ! On voit errer de pauvres gens qui ne savent plus où ils sont et qui sont tellement malades qu'ils n'arrivent plus à exprimer leurs souffrances parce que personne ne les croit.

- car la personne - ou la famille - visée est tellement déclassée socialement que les manipulateurs sont toujours crus. Et oui, vous voyez il ou ils sont en bas de la société...

 

Deuxième étape : la fin

 

quand le piège est refermé c'est la fin qui est proche : en général abandonné, rabroué, humilié, il  craque, il meurt et bien entendu tout lui est pris. Tout, il ne reste rien aux héritiers.... C'est comme ça et ça existe depuis toujours, on pourrait penser qu'avec notre civilisation dont l'humanisme est le fondement, des pratiques de ce genre auraient disparues, n'en croyez rien, car de nos jours les possibilités de droguer et d'empoisonner les gens sont tellement nombreuses que plus personne n'y fait attention. Et les manipulateurs savent très bien comment tourner une mauvaise affaire à leur avantage.

 

 

 

Ayant appris que des personnes indélicates se servent en les transformant, de mes articles à des fins personnelles, je me vois obligée de les faire protéger juridiquement.

RAPPEL :

https://www.adagp.fr/fr/droit-auteur/les-textes

LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Deux lois ont posé les grands principes du droit d’auteur :

- la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique ;
- la loi n° 85-660 du 3 juillet 1985 relative aux droits d'auteur et aux droits des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle.

Les dispositions de ces deux lois ont été intégrées au code de la propriété intellectuelle (« codifiées ») par la loi n° 92-597 du 1er juillet 1992.

C’est aujourd’hui le code de la propriété intellectuelle, complété notamment par la loi « DADVSI »du 1er août 2006 et les lois « HADOPI » de 2009, qui constitue le texte de référence en matière de droit d’auteur.

>> Consulter le code de la propriété intellectuelle sur Légifrance.

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