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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Patrimoine oublié de Barousse

Publié par Jackie Mansas sur 16 Novembre 2023, 00:15am

Catégories : #Patrimoine oublié de Barousse

Photo N.B professeur des écoles

Photo N.B professeur des écoles

LA CROIX DU CAP DETH MAILH

SALECHAN

 

 

Cette croix en pierre sculptée est scellée sur un rocher à 680 mètres d’altitude dans le sentier qui rejoint le sommet dit Mailh de Pourchingles séparant Saléchan d’Esténos à environ 1500 mètres d’altitude. On appelle ce genre de monument « croix de chemin » car il était posé à proximité des villages. Il indiquait la direction que les habitants prenaient obligatoirement soit pour voyager soit pour des raisons économiques ou religieuses. En fait, on les trouvait essentiellement sur les voies de communication importantes et on déposait une offrande sur son socle (en général un rocher ou une grosse pierre plate) en récitant des prières en rapport avec le but de la marche.

 

Elle présente la forme d’une croix dite occitane de nos jours mais au Moyen-Age, son nom était de Languedoc. Celle-ci est à trois branches car la quatrième n’est que suggérée, elle sert de support au monument en étant fichée dans le rocher qui – vu le poids de la pierre – reste stable et ne peut tomber. Elle aurait pu être entière mais les concepteurs ont préféré lui donner la forme d’une croix latine à trois branches. Sur ces dernières, on ne pouvait en aucun cas, graver des symboles païens ou en ode à la nature. Aussi, le choix de cette croix dite du Languedoc, très en vogue à cette époque par ce qu’elle représentait à savoir un savant mélange des croyances, a été évident. Certains historiens y voient une allégorie de la croix grecque et d’autres, de la croix wisigothique.

 

Origine de la croix du Languedoc dite également croix de Provence.

 

Il s’agit d’une croix à quatre branches de même longueur dont l’origine est sans conteste la Provence. Selon certains historiens, elle aurait pu être créée au 10ème siècle lorsque Guilhem 1er de Provence surnommé Guilhem le Libérateur, a vaincu les Sarrasins à la Garde-Freinet. Cet épisode marque une des dernières batailles mettant fin aux invasions Arabes du Moyen-Age et donc une victoire de la Chrétienté contre les Infidèles. Il fallait que ces seigneurs-guerriers aient un blason à la mesure de leur grandeur. Toutefois, pour ne pas offenser Dieu en prenant comme motif principal la croix latine qui représentait pour les Croisés dans l’imagerie de l’époque, le christianisme vainqueur de l’Islam, mais tout en voulant garder le souvenir de cette bataille, il fallait en créer une différente.

 

Elle est devenue le blason des comtes de Provence puis des comtes de Toulouse. C’est à cette époque qu’elle prit le nom de croix du Languedoc.

Cependant elle a émigré Outre-Manche ! En effet, depuis que les rois d’Angleterre, les Plantagenets, ont hérité du duché d’Aquitaine, ce qui fut la cause principale de la guerre de cent ans, elle se retrouve même sur les armoiries de la couronne d’Angleterre !

 

Cette croix des comtes de Provence dont l’origine est d’avoir été conçue pour orner un blason, devint vite un symbole religieux repris par l’Église et par les croyants. C’est pour cela que l’on en trouve encore dans les Pyrénées et dans toute l’Occitanie.

 

Mais qu’est une croix ? Quelle est la signification d’un tel monument et sous quelles formes ont-elles été créées, dans quels pays, pour quel usage ?

 

LES CROIX

 

Le symbole de la croix est apparu plusieurs siècles avant Jésus-Christ. En effet on en retrouve les représentations les plus anciennes (qui symbolisaient la direction à prendre) en Inde ou une peinture représente le dieu Krishna avec six bras dont trois tiennent une croix. On la retrouve dans l’Antiquité et dans toutes les civilisations du monde telle celle des Incas au Pérou, par exemple.

 

Au temps des Romains, elle était un instrument de torture et de mise à mort. Jésus-Christ mourut crucifié. Mais elle ne fut pas adoptée par les premiers chrétiens comme symbole, ils préférèrent choisir le poisson dès le 2ème siècle pour tenter de se protéger des persécutions que leur infligeaient les empereurs romains.

 

Elle n’apparut comme emblème de la religion chrétienne qu’au 5ème siècle et uniquement sur les sarcophages. Puis elle se répandit très vite dans toute la chrétienté, - parce qu’elle rappelait le sacrifice du Christ, - jusque dans les endroits les plus reculés et les plus sauvages. Pour que l’évangélisation des peuples puisse réussir, il fallait faire oublier les croyances anciennes en les intégrant dans les récits des Évangiles. Chaque région adopta plus ou moins une grande variété de symboles et de formes.

 

La forme si particulière de la croix dite de Languedoc ou Occitane :

 

« La croix cléchée dite "occitane" est en fait le dérivé des armoiries des comtes de Toulouse : de gueules à la croix vidée, cléchée (ou pattée) et pommetée d'or. (internet)

 

La croix occitane choisie pour symboliser notre région ne symbolise de nos jours qu’une communauté linguistique plutôt qu’une pratique religieuse.

 

 

Autres croix

 

La croix pattée qui est l'exemple le plus simple

La croix grecque aux branches égales

La croix latine aux branches inégales

La croix wisigothique

La croix basque : le lauburu

Le svatiska

La croix basque, "ou lauburu en basque , est une croix formée par quatre virgules ayant la forme d’une crosse recourbée ou bien de pétales, reliées entre elles au centre de la figure par un cercle". (internet)

 

Elle serait apparue durant la fin de la Préhistoire et pourrait signifier le soleil qui tourne autour de la Terre, l’horloge du temps, le cycle de la vie … Pour que le christianisme puisse s’implanter dans le Pays Basque, l’Église catholique reprit ce motif ancien et en fit une symbolique de la croix chrétienne. Les basques n’acceptèrent cette religion qu’au 16ème siècle. On trouve ce motif à la fois païen et chrétien dans toutes les Pyrénées et même en Alsace !

 

Le svastika est un symbole religieux qui est apparu durant la Préhistoire et plus précisément à l’époque néolithique dite aussi « âge de la pierre polie » dans un territoire qui va de l’Europe actuelle jusqu’en Océanie.

« Il s’agit d’une croix composée de quatre « potences » prenant la forme d’une lettre grecque le Gamma en capitale (d'où son autre nom de croix gammée de sinistre mémoire. Mais il n'a jamais eu la signification que lui ont prêté les Nazis, au contraire, il est dans les religions hindoue et bouddhique, le symbole de l'éternité. Nous avons tous tendance à rejeter cette croix lorsque nous la voyons gravée sur des pierres d'origine gallo-romaine incluses dans les mus des chapelles et des églises et nous avons tort. Nous devrions nous la réapproprier en lui redonnant son sens originel afin d'effacer la honte et la barbarie des Nazis auxquelles malheureusement certains humains (?) adhèrent encore…

 

Le svastika symbolise également la rotation du soleil autour de la Terre et les forces de la Nature. Tourné vers la droite, il représente le jour, tourné vers la gauche il est le Temps qui passe et représente la nuit. Ses quatre branches désignent l'harmonie du monde et les quatre âges de la vie. Les Nazis ont transformé son sens afin qu'il réponde à leur idéologie destructrice et raciste. Mais je le répète encore et encore, ils n'avaient pas le droit de le faire et nous qui ne souscrivons pas à cette aberration, nous devrions lui redonner ses valeurs anciennes et éternelles par respect et résistance contre … la barbarie et l'obscurantisme.

La croix latine dont le poteau central est plus long que le poteau horizontal est le fondement de la chrétienté et se retrouve partout :

- dans le plan des églises

- sur les clochers

- dans l'église même

- sur les calvaires

- sur les bords des routes

- aux carrefours

- dans les cimetières

- sur certains sommets : dans notre région, il y en a une à Bertren (Mombourg), une au sommet du Gert à Troubat, une sur le pic du Cau à Gaudent et la plus connue sur le pic du Gar. Cette dernière est beaucoup plus récente que les trois autres.

- sur les sentiers des montagnes

- auprès de certaines sources

- sur les monuments aux morts

-sur des rochers ou pierres gravées dans les montagnes.

 

Et aujourd'hui, celle qui nous intéresse est celle du Cap Deth Mailh de Saléchan.

 

Suite de l'histoire dans l'autre article.

 

Jackie Mansas

18 mars 2015

Où trouver des renseignements ?

Chercher tous les sites héraldiques sur internet

Idem tout ce qui s’est écrit sur les croix et autres légendes

Sites religieux

Mes travaux personnels résultant des recherches dans les documents tant écrits qu’issus de la tradition orale avec les témoignages des Anciens encore vivants dans les années 60-70-80, Gazette des Vallées et autres.

Et enfin, pour lire de bons auteurs sur notre région, je conseille les œuvres de Jean-Léonard Pène et Armand Sarramon. Depuis, peu de découvertes ont été faites, mais les livres de ces deux érudits restent le travail de base des connaissances sur le pays, formé par la tradition orale très étendue à l’époque où ils compilaient leurs recherches.

Voir aussi les livres historiques publiés sur la Barousse de Jean-Marc Chaduc et René Marrot (Ed Pyrégraph) ainsi que les publications de Gabriel Chantelot.

On peut également lire le dernier livre de Jacques Brau sur l'histoire de la Bigorre-Baronnie-Comminges-Barousse depuis la préhistoire à nos jours. Ed Caïrn.

Et enfin, les œuvres de Frantz-Emmanuel Petiteau sur les vallées d'Aure.

Egalement celles de Henri Maurel et de Jean-Luc Morinière.

Photos de la croix : N.B. professeur des écoles, Saléchan.

Les sentiers n'étant plus entretenus dans les massifs, il vaut mieux demander à la mairie avant de chercher à rejoindre cette croix.

Ayant appris que des personnes indélicates se servent en les transformant, de mes articles à des fins personnelles, je me vois obligée de les faire protéger juridiquement.

RAPPEL :

https://www.adagp.fr/fr/droit-auteur/les-textes

LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Deux lois ont posé les grands principes du droit d’auteur :

- la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique ;
- la loi n° 85-660 du 3 juillet 1985 relative aux droits d'auteur et aux droits des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle.

Les dispositions de ces deux lois ont été intégrées au code de la propriété intellectuelle (« codifiées ») par la loi n° 92-597 du 1er juillet 1992.

C’est aujourd’hui le code de la propriété intellectuelle, complété notamment par la loi « DADVSI »du 1er août 2006 et les lois « HADOPI » de 2009, qui constitue le texte de référence en matière de droit d’auteur.

>> Consulter le code de la propriété intellectuelle sur Légifrance.

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C
nous sommes tombés amoureux de la vallée et avons acheté une maison à Siradan ,nous aurions beaucoup de joie à vous rencontrer afin que vous nous racontiez un peu l' histoire de notre village adoption .<br /> Bien cordialement<br /> Isabelle Cardona
Répondre
J
D'accord pour se rencontrer, j'en serais ravie. Mais vous serait-il possible d'attendre vers la mi octobre ? Le 18 août dernier j'ai fait une grosse bêtise : j'ai eu très mal à l'oreille droite, c'était une otite, j'ai voulu nettoyer le conduit avec un coton tige et je me suis percé le tympan ! Résultat, je suis sourde comme un pot. L'oreille gauche n'entends plus depuis très longtemps ! J'entends des sons mais je ne peux pas tenir une conversation, c'est bête mais quand quelqu'un me parle, c'est vraiment un dialogue de sourds... Ce n'est pas agréable du tout et si j'allume la télé, c'est pour avoir une présence, par contre si vous passiez dans la rue, vous auriez pu l'écouter... J'ai choisi les sous-titres comme ça je n'ai pas le son et seulement l'image mais on peut suivre ! Ca va un peu mieux mais l'enfer c'est la migraine... Mais vous savez, vous avez un voisin au village de Siradan qui pourra tout vous raconter en attendant, il s'agit de Robert Michel, il habite la rue derrière l'ancienne Poste. Vous saurez tout, tout de Siradan ! Je vous remercie de vous intéresser au blog, et à bientôt...
L
Un excellent article<br /> Bienvenue dans la communauté des métiers d'antan<br /> Bonne Année
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J
merci beaucoup et bonne année à vous. Connaissez-vous des monuments de ce genre par chez vous et avaient-ils la même signification ?

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