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Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Barousse : l'aménagement de la vallée avant la Révolution... 2

Publié par Jackie Mansas sur 19 Février 2018, 00:48am

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Un verger.... ils étaient si nombreux dans les temps anciens...

Un verger.... ils étaient si nombreux dans les temps anciens...

 

D'autres villages :

 

 

Bertren Loures et Saléchan avaient suivi la même évolution dans le partage des terres mais la société se composait différemment : Bertren et Saléchan avaient très peu de pauvres. Il faut dire que leur terroir était bien plus riche et bien mieux placé. Ils pouvaient réserver la montagne au bois et à la prairie et cultiver entièrement la plaine.

 

 

Les propriétés sont de moyenne importance, environ de 5 journaux (1 ha 05 ares 15 ca) et la population nombreuse sur un territoire assez restreint.

 

 

A Sost, nous comptons à peu près 54 tenanciers pour une superficie cultivable cinq à six fois plus grande. Le terrier est peut-être incomplet mais il ne manque que très peu de feuillets. Quoiqu'il en soit, il existe deux très gros propriétaires mais qui ne portent pas la mention de nobles. Ils étaient simplement des paysans : Thomas Seilhan dit Dita Carrera qui travaillait 63 journaux (13 ha 24 ares 89 ca) et Louis Gez dit Pailler, 52 journaux (10 ha 93 ares 56 ca), soit 28 familles qui vivaient sur des propriétés variant entre 63 et 10 journaux (13 ha 24 ares 90 ca), 19 qui tenaient en dessous de 10 journaux et 2 seulement en dessous de 10 mesures. Il n'existait véritablement pas de familles très pauvres. On pouvait vivre chichement sur une petite exploitation étant donné que les pâtures communales étaient immenses et que l'on pouvait y mener le bétail. Cet élevage fut de tout temps réglementé, mais plus sûrement au XIXème siècle, parce qu'il fallait suivre les tracés des parcours des animaux faits par les forestiers.

 

 

Nous comptons donc à Sost en 1749 :

 

  • 362 parcelles de terre (champs)

  • 383 parcelles de prés (prés)

  • 118 parcelles de herms

  • 52 parcelles de jardins

  • 20 parcelles de jardins

  • 3 moulins à farine

  • 3 moulins à scie.

 

 

Un siècle plus tard, les prés augmenteront, les herms ayant disparu. En effet, la population ayant considérablement augmenté, on ne pouvait se permettre de laisser la moindre parcelle de terrain à l'abandon. Aussi, des territoires autrefois laissés en broussailles et aux rochers furent-ils aménagés en prairies, fauchés une fois par an ou tout simplement pâturés toute l'année. Mais on coupait en général l'herbe qui était descendue sur des traîneaux de bois, tirés par des animaux ou bien par les hommes. On faisait des meules de foin dans les endroits les plus plats puis, s'il n'y avait pas de grange à proximité, on descendait le tout au village.

 

 

Les villageois de la Haute-Vallée et de la Barousse intérieure agissaient tous de la même manière. Il en allait de leur survie. Il leur fallait cette herbe pour nourrir le bétail pendant l'hiver puisqu'il était enfermé dans les étables. Il fallait également beaucoup de paille et de feuilles mortes pour constituer les litières et avoir ce fumier si rare mais indispensable au rendement de leurs cultures. Mais il n'y avait pas assez de bétail pour fumer l'ensemble des terres défrichées sur les pentes car la terre y était pauvre et le ruissellement important.

 

Barousse : l'aménagement de la vallée avant la Révolution... 2

 

On utilisait sur les champs en pente, le mode de travail dit « du tarust » réservé aux femmes. Elles portaient dans des paniers cette fumure jusqu'en haut des champs puis, lorsqu'elles avaient réuni de bons gros tas, elles se lançaient sur la pente assises sur le « tarust » qui était une sorte de traîneau de bois. La femme de tête le guidait avec les talons et la dernière ralentissait l'engin lorsqu'il prenait la vitesse tandis que les deux autres répandaient le fumier chacune d'un côté tout au long de la pente. Puis elles remontaient l'engin et recommençait jusqu'à ce que toute la parcelle fut fumée.

 

 

Travail titanesque s'il en était, mais malgré tout nécessaire. Ensuite, les hommes pouvaient, soit avec les charrues, soit avec les fourches-bêches, retourner le sol et semer. Dans la plaine de la Garonne et dans le bassin de Sarp et d'Izaourt, la vie était moins rude. Les terrains plats étaient préparés à la charrue et semés normalement. Il y avait assez de prés pour nourrir le bétail et on ramenait surtout les feuilles de platanes, de marronniers, de châtaigniers et des fruitiers, car tout un chacun plantait sur sa propriété les arbres nécessaires à la consommation familiale.

 

Barousse : l'aménagement de la vallée avant la Révolution... 2

 

Le territoire de Sacoué s'étendait du Monsacon en Barousse au hameau de Layrisse dans la vallée de Nistos.

 

En 1750, nous comptons en totalité 350 parcelles de champs, 386 de prés, 2 pâtures, 28 herms, 31 champs et herms, 1 pré dans une vigne, 21 prés et herms, 18 vergers, 39 jardins, 19 prés et champs, 2 moulins et une scierie, soit 899 parcelles, maisons et cours comprises. Deux très gros propriétaires se partageaient de beaux domaines sur les 48 tenanciers qui composaient la paroisse : Noble François de Méritens qui possédait 66 journaux en 35 parcelles, Domeng Arriu, 62 journaux en 32 parcelles. les autres exploitations commençaient à 45 journaux et la plupart s'étageaient au-dessous de 35 journaux (1). Il existait 14 petits propriétaires. Les moulins étaient construits sur l'Ourse vers Gembrie et Gaudent.

 

 

En Arize, Monsieur de Lassus jouissait de 27 journaux, Noble de Laplane 18 journaux en quatre parcelles, le baron de Binos de Sarp avait hérité d'une terre mais les habitants de Gembrie, Gaudent et Antichan y travaillaient quelques champs et prés. On s'aperçoit que comme dans la plupart des autres communautés de la vallée, les bois et landes dites vacants n'étaient pas mentionnés en propriétés particulières. Ils appartenaient donc en indivis entre les deux seigneurs.

 

 

Nous quittons le 18ème siècle laborieux mais encore archaïque pour retrouver un 19ème siècle en pleine mutation.

 

 

la Révolution avait apporté des idées nouvelles et ouvert les esprits sur d'autres horizons. Bien sûr, on se servait des mêmes outils pour travailler mais la main d'œuvre familiale nombreuse facilitait grandement le travail. Les familles avaient augmenté, la pauvreté également, à tel point qu'après 1848-1850, beaucoup de baroussais partirent se placer dans les grandes villes comme domestiques ou comme marchands colporteurs.

 

A suivre

 

Jackie Mansas

18 février 2018

 

 

NOTE

1- un journal : 21 ares 03 centiares

- Jean-Léonard Pène "la Barousse" paru en 1947.

 

Etude faite à partir des terriers de 1750 quand ils existent sinon sur les Etats de section du cadastre napoléonien qui reproduit l'état des communes des terriers de 1750.

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