Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Les caps bourrut des Pyrénées : rencontre avec les Baroussais d'autrefois

Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...


Barbazan, description et climat....

Publié par Jackie Mansas sur 2 Août 2018, 22:02pm

Catégories : #Culture et société pyénéennes

Photo 1 : Labroquère, la Garonne coule aux pieds de la colline ; le pont de Labroquère avec des lavandières côté Loures-Barousse donc sur la rive gauche ;
Photo 1 : Labroquère, la Garonne coule aux pieds de la colline ; le pont de Labroquère avec des lavandières côté Loures-Barousse donc sur la rive gauche ;

Photo 1 : Labroquère, la Garonne coule aux pieds de la colline ; le pont de Labroquère avec des lavandières côté Loures-Barousse donc sur la rive gauche ;

Il fait tellement chaud que notre seule préoccupation est de fainéantiser… 

Aussi je me suis dit que pour me remettre au travail sur le blog, je devrais raconter de petites histoires avant de retrouver l'année 1944 et son protagoniste principal, le fameux Cou de Cigogne.

 

Comme je n'ai plus de voiture, je suis obligée de ne pas sortir, je lis et voici ce que j'ai trouvé dans mes archives personnelles (celles qui restent), une description du château de Barbazan tel qu'il était avant l'incendie de août 1944 en même temps et en pleine nuit que l'hôtel des Thermes…

Certains dont la conscience n'était pas très tranquille, qui savaient que la Résistance les avait dans son collimateur, n'ont trouvé que ce moyen pour fuir tranquillement en Espagne ! Mais gageons, qu'ils devaient avoir une trouille monumentale qui ne leur est sûrement passée que lorsqu'ils se sont retrouvés en Catalogne, en sécurité auprès de leurs grands amis nazis de toutes sortes, Allemands ou Français….

 

"Le château tel qu'il était jusqu'au tragique incendie de 1944, a été construit contre la tour du IXème siècle que l'on conserva. C'était une très belle bâtisse mais pas un chef-d'oeuvre architectural, postérieure aau XVème siècle. Les fenêtres étaient à meneaux, les cheminées ornées de licorne ; les portes en ogive portaient des écussons gravés sur les linteaux.

 

Eugène d'Astorg le décrit ainsi en 1820 dans une lettre à sa mère qui ne se plaisait pas à Barbazan et vivait sur Paris : "Le château n'est pas grand mais il y a bien du logement. Il est propre et soigné de tous les côtés et rien ne manque dans les appartements… Le bas en est consacré à la cuisine… la salle-à-manger... le salon et un grand office derrière la sale à manger. Au premier, mon père occupe votre chambre, à côté une autre chambre à coucher… cabinet et bibliothèque…. Nous, nous occupons la chambre de ma grand-mère qui a un petit antichambre, une chambre de domestique, celle de Nathalie avec alcôve, cabinet, garde-robe, même des lieux à l'anglaise, cheminée, glace, rideaux, etc...

De cette chambre, on passe dans une autre qui servait autrefois d'archives…. La nourrice, Charles et Rosalie ont deux grandes chambres à côté de nous… Tout le haut n'est point arrangé. Tous les bâtiments qui étaient devant la maison ont disparu. Il y a une grande porte d'entrée : on arrive par une allée fort soignée et plantée de peupliers au milieu de la cour… la terrasse est encore comme vous l'avez laissée, les tilleuls ont été respectés… Le jardin est derrière. L'endroit en était autrefois cette chapelle qui vous offusquait tant…".

 

Sur le château de Luscan : "Ce matin, nous avons été avec mon père dans sa voiture promener à Luscan. J'étais curieux de voir ce lieu dont vous nous avez tant parlé. Il est abandonné tout à fait maintenant et il est à louer avec les dépendances pour 150 francs…"

 

J. d'Astorg : Revue de Comminges 1987.

Le château de Barbazan.

Le château de Barbazan.

 

Le pont de Labroquère.

 

1784. "Que tous présens et avenir sachent que le pont de Labroquère a été construit par M. Thanain, entrepreneur dudit pont. Il y a fait travailler l'espace de six ans pour en préparer les matériaux et n'a été parachevé qu'en l'année 1787, sous le règne de Louis XVI et Monsieur Fournier de la Chapelle, intendant de cette province qui commit à sa place Monsieur le Bourgeois, inspecteur des Ponts et Chaussées de France".

 

1786. "Le pont en pierre de Labroquère, commencé depuis environ trois ans, a reçeu la clef le 9 novembre 1786, sous la conduite du sieur Fournier, entrepreneur. Le cindre a été composé sous la conduite du sieur Belot, ingénieur ; la pierre qui a servi à la construction du pont a été transportée de la montagne appelée Picou de Gourdan, où elle a été arrachée et taillée pour la moitié du pont seulement du côté de Labroquère, et l'autre pierre de l'autre côté du pont a été arrachée, taillée et transportée d'une montagne près de Saint-Martin, annexe de Saint-Bertrand, régnant sous Louis XVI, le Sévère, et aux soins de Monsieur Boncheporn, Intendant de Pau, et de Monsieur Montalègre, de Saint-Gaudens, subdélégué. On ne pourroit jamais se faire une idée juste de la grande quantité de pierre qui a été employée à cette instruction. Cette ouvrage pénible et difficile a pris fin sans que personne y ait pris mal, sauf Pierre Castex de Lagbroquère, à qui une pierre écrasa une jambe et mutila l'autre et dont quelque autre partie du corps fut aussi atteinte. Le sieur Dartois, aussi habitant de Labroquère, y vit culbuter ses bœufs, du haut en bas, cette chute en fit périr l'un sans ressource".

 

Chronique paroissiale des curés de Barbazan. 

 

Il faut dire, pour bien comprendre ce texte, qu'il n'existait pas de pont pour traverser la Garonne. Pour relier Labroquère avec St-Bertrand et Loures-Barousse, il fallut à d'Etigny en créer un à cet endroit qui n'était évidemment pas construit à l'époque, c'était une colline. Le relais auberge apparut dès que la route fut terminée. Il n'y avait pas besoin de remblayer des deux côtés, les deux rives étant à peu près à la même altitude une fois que la colline a été ouverte sur son côté ouest.

Donc par où passait-on  ? Et bien par le port qui se trouvait en amont du pont. Et également par le gué au niveau du moulin de St-Bertrand.

Autre vue du pont de Labroquère. Bords de Garonne à Barbazan.
Autre vue du pont de Labroquère. Bords de Garonne à Barbazan.

Autre vue du pont de Labroquère. Bords de Garonne à Barbazan.

Vu le changement climatique que nous subissons, on pourrait penser que cela a été à peu près toujours pareil dans les siècles précédents et bien non ! Suivons le temps à rebours…. et le "parler orthographié" de ces temps anciens :

 

Chronique des curés du XVIIème et XVIIIème siècle.

 

"En l'année 1692 et le 15 août, néjà sy bien que toutes les montagnes en estoient couvertes jusques à Monsacon en Barousse. En l'année 1706 et le 12 may veille de l'Assention de Notre Seigneur, entre 9 heures et 10 heures du matin, il y eut une éclipse de soleil qui dura environ une heure, le ciel estant bien serein, et le soleil vint à perdre sa lumière ordinaire, de telle façon qu'il sembloit qu'on feut à l'entrée de la nuit.

 

En l'année 1707 et le 24 octobre, néjà presque tout le jour et en tomba tant qu'il y en avait partout un pan jusques à Toulouse et Bas-Languedoc, et le lendemain au soir, elle feut presque fondue.

 

En 1709, la nuit des Rois, gela si fort que la terre étoit toute vernissée à cause que la veille de la feste avoit fort plu, après quoi, il néja un peu et fit après, pendant 7 à 8 jours, un froid sec, avec un vent si froid, que le manteau était bon sur le nez. Tous les choux se séchèrent, les noyers et beaucoup de souches de vignes, en ce pays, furent emportés, et au pays bas, tous les noyers, châtaigniers et chênes devinrent secs et presque toutes les souches de vignes mortes tellement  que le char de vin se vendit à 14 et 15 pistolles, les champs ensemencés sembloient des garennes, car il n'y paroisssoit presque rien. On et laboura beaucoup pour faire de l'orge, au mois de mars, et la Providence divine multiplia si bien ce qu'on laissa, que c'estoit un miracle de le voir, et la récolte fut fort bonne, quoiqu'il n'y eust pas beaucoup de gerbes. Le blé se vendit cette année 4 et 5 livres la mesure et les autres grains à proportion.

 

L'an 1721 et le 22ème du mois de juin, feste de Saint-Paulin, evesque de Nole, contemporain de Saint-Augustin et de Saint-Jérôme, feut le premier qui introduisit l'usage des cloches en son esvéché, et du depuis il a esté continué par toute la chrétienté comme chose fort nécessaire, car auparavant on se servait de trompettes que les prestres sonnoient pour appeler le peuple aux sacrifices.

Je soussigné, curé, par la licence et permission de Messire Gabriel-Olivier du Bouchet, esvesque du Comenge, ay bénit la cloche du cousté de midy, soulz le nom et protection de Saint-Michel, glorieux patron de la présente paroisse, laquelle cloche (il y) avait 146 ans qu'elle avoit été faite, estant consuls de la présente année Jean Bareille, de Jean Grand et Bertrand Fadeuilhe dict de Pierris….

 

J. Morère, Curé.

 

"L'année 1785, la chaleur fut excessive au point que presque toutes les fontaines tarirent et que, faute d'humidité, il y eut peu de foin, en sorte que le quintal s'est vendu jusqu'à 4 livres. La récolte de grain fut assez bonne, mais celle du vin fort abondante, de reste que dans la plaine de Toulouse, on y achettoit le char de vin à 20 livres, après à 18 et enfin à 14".

 

Non ? Une canicule en 1785... heureusement pour nous que nous avons les réseaux de distribution d'eau : de quoi se plaint-on alors ? Ils avaient aussi chaud que nous et…. pas d'eau !

 

Au sujet de l'incendie à la Libération d'août 1944 :

Il  est vraiment dommage que ces deux bâtiments aient brûlés mais il faut dire que les vieilles bâtisses prennent rapidement feu, il suffit d'un petit foyer posé au bon endroit et l'incendie se propage rapidement à cause du bois des charpentes, des planchers et plafonds trop secs. 

Rien ne peut l'arrêter….

Les barbazanais qui m'ont raconté cette histoire sous le sceau du secret, m'ont bien dit que le village avait combattu le feu vaillamment mais que les vieilles maisons en feu sont insauvables...

 

Jackie Mansas

2 août 2018

Ayant appris que des personnes indélicates se servent en les transformant, de mes articles à des fins personnelles, je me vois obligée de les faire protéger juridiquement.

RAPPEL :

https://www.adagp.fr/fr/droit-auteur/les-textes

LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Deux lois ont posé les grands principes du droit d’auteur :

- la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique ;
- la loi n° 85-660 du 3 juillet 1985 relative aux droits d'auteur et aux droits des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle.

Les dispositions de ces deux lois ont été intégrées au code de la propriété intellectuelle (« codifiées ») par la loi n° 92-597 du 1er juillet 1992.

C’est aujourd’hui le code de la propriété intellectuelle, complété notamment par la loi « DADVSI »du 1er août 2006 et les lois « HADOPI » de 2009, qui constitue le texte de référence en matière de droit d’auteur.

>> Consulter le code de la propriété intellectuelle sur Légifrance.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
bonsoir<br /> pouvez vous me dire quel sont les bâtiments qui ont brûlés en Août 1944 a Barbazan<br /> merci pour l'info<br /> suzon
Répondre
J
bonsoir, pardon de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Le château et l'hôtel des thermes ont brûlé à la Libération en même temps et dans la nuit. Devant les thermes il y avait cet hôtel (voir photos, il y en a quelques unes) plutôt de standing, maintenant il y a une pelouse depuis l'an dernier ; quant au château, il ne reste qu'une tour qui a pu être sauvée. Lorsque les résistants ont occupé la région après le départ précipité des allemands, quelques uns (je ne connais pas les noms, on m'a raconté l'histoire mais pas dit les noms) qui voulaient fuir en Espagne et quitter Barbazan sans se faire remarquer - à mon avis, ils étaient recherchés et s'étaient cachés - ont mis le feu aux deux bâtiments simultanément pour détourner l'attention et ainsi ont pu fuir. Ils sont revenus tranquillement comme les autres en 1946 après le décret d'amnistie du général de Gaulle mais bon, je n'ai pas pu savoir qui c'était. Il vaut mieux sans doute ! Bonne nuit et merci de votre message.

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents