Actualités d'hier et d'aujourd'hui sur les Pyrénées Centrales, au travers de l'histoire d'une famille, celle d'un "pays", celui des Pyrénées. Le passé est omniprésent avec celui d'un petit peuple : la Barousse...
1 - château de Bramevaque en Barousse, château des comtes de Bigorre, puis d'Aure/Aragon, puis de la vicomté de La Barthe (par démembrement lors des héritages) rive gauche de la Garonne avant sa restauration dans les années 199O-2000.
2 - château de Bramevaque en Couserans, château des comtes de Comminges et de Foix, photos de Jean-Pierre Pomiès (voir son site de photos), rive droite de la Garonne à partir du Bas Comminges
Nous allons commencer par présenter les deux "païs" :
COUSERANS
Il a appartenu au Comminges puis au comté de Foix et a été un puissant évêché jusqu'à la Révolution. Il s'étend le long des vallées rive droite de la Garonne et autour de ses affluents le Salat, le Volp, l'Arize et le Lez.
Mais pour bien commencer son histoire, précisons qu'il a été habité dès l'époque magdalénienne il y a 17 000 à 20 000 ans, comme en témoigne les nombreuses découvertes de cette époque, tel l'abri de Montfort à Saint-Lizier.
Puis il passe sous l'autorité de Rome en même temps que le Piémont pyrénéen en 121 avant Jésus-Christ. La ville actuelle de Saint-Lizier du Couserans aurait été fondée par Pompée en même temps que notre actuelle Saint-Bertrand de Comminges (Lugdunum Convanerum) en 72 avant Jésus-Christ.
Nous avons donc de part et d'autre de la Garonne, dans des vallées parallèles, deux villes semblablement bâties sur des oppidums et aux pieds d'oppidums se ressemblant étrangement :
- Lugdunum Convenarum rive gauche en pays Convenae
- Lugdunum Consaranorum, rive droite en pays Consoranni (aussi sur la rive droite du Salat, affluent de la Garonne)
Toutes les deux devinrent le siège d' évêchés très puissants.
Sous la domination romaine, elles eurent le même destin de brillantes et riches villes commerciales et religieuses. Elles perdirent cette dernière fonction en 1789.
Epoque romaine :
bien que l'Espagne et le Portugal actuels existaient sous l'appellation "Hispanie", la péninsule appartenait à l'empire romain et bien évidemment, la chaîne des Pyrénées ne constituait en aucun cas une frontière puisqu'il y avait assez de "ports" (cols en français actuel) pour passer, hors enneigement, soit de fin mai à la mi-octobre d'une province, l'Hispanie, à celles de la Gaule, surtout par les passages les plus faciles : les deux extrémités de la chaîne rarement enneigées et plutôt plates.
Les chevaux n'apprécient guère de grimper le long de sentiers dangereux en haute montagne et faire suivre l'artillerie.... Pas facile !
Il est bien évident que les Romains dès leur arrivée dans ces régions les plus septentrionales de leurs provinces, ont commencé à prospecter pour entreprendre des travaux gigantesques :
- choisir les endroits les plus propices à l'urbanisation (aucun relief donc plaines ultra plates) : villae et grands domaines agricoles, commerces, places, thermes, sanctuaires...
Mais les Gaulois avaient fait la même chose, choisissant de préférence les endroits les plus propices pas très loin des rivières et en plaine.
- pour relier ces cités et ainsi développer le commerce, l'exploitation des richesses naturelles, il fallait des routes principales qui traverseraient ces contrées, stables, larges, dallées... avec des auberges, des relais tout au long pour le confort des voyageurs ; il fallait également mettre en place un réseau de routes secondaires sur celui existant à travers les montagnes afin de relier tous les villages et hameaux éloignés
- il fallait, en sus, établir un trafic sur fleuves et rivières afin de faire partir vers Tolosa et Burdigala les produits miniers (fer etc.), les produits de pierre (marbre), le bois. Une flotte est créée ainsi que les chemins de halage. Sur la Garonne et les autres rivières, des ports sont installés aux confluents des rivières et un système commercial de voyageurs, de transport de produits voit le jour ...
- les voyageurs peuvent ainsi passer d'un lieu à l'autre.
Le danger pour l'Empire Romain ne venait pas de l'invasion d'une armée mais plutôt de bandes de criminels et autres bandits de grands chemins terrés dans les montagnes qu'ils connaissaient par coeur et qui n'avaient pas peur de traverser les plus hauts ports pour venir piller les riches domaines gallo-romains.
Aussi, tout au long de la chaîne, à l'entrée des vallées étroites qui se succédaient parallèlement jusqu'à la barrière des hauts sommets, les romains firent construire des forts identiques avec une sorte de "petit" donjon carré bâti au milieu d'un certain périmètre qui occupait l'extrémitié d'un éperon rocheux.
Il était entouré d'une enceinte fortifiée avec d'autres petites tours ou bâtiments et on ne pouvait accéder au donjon que par l'étage, c'est pour cela que dans ceux que l'on retrouve encore aujourd'hui à peu près intacts, il n'y a aucune porte d'entrée au rez-de-chaussée.
Il en fallait plusieurs par vallée.
Même relief, même position, même constructions, mêmes moyens de surveillance pour se protéger d'éventuelles attaques et surtout, surtout des crues des fleuves et rivières : tout était étudié pour installer puis pérenniser une région florissante à tous les niveaux économiques, sociaux et politique.
Les goulets
Cependant à l'entrée des vallées, c'est-à-dire à la sortie du piémont pyrénéen, pour protéger les goulets des invasions venant de la plaine toulousaine, des domaines de petites superficies à cause des marécages et des crues phénoménales des rivières, ne jouant pas un rôle au niveau économique de premier plan, ont été édifiés sur le flanc des massifs bloquant toute entrée vers le sud.
Dans notre région, nous comptons Barbazan, Luscan, Galié, Fronsac, Gaud, Marignac, (ces deux derniers se situent sur la rive gauche), Saint-Béat, Lez, Fos, Melles (Sérial) sur la rive droite et sur la rive gauche Bertren, Siradan, Esténos, et ensuite nous les retrouvons tout le long de la Pique sur des deux rives mais surtout sur celle de gauche de la rivière.
Le plus important étant celui de Guran. Le dernier fort se trouve au dessus de Luchon vers Superbagnères mais avant d'entrer dans la cité au nord, le port de Peyresourde qui n'existait pas en l'état mais comme un sentier de moyenne communication, sous la neige huit mois de l'année, permettait l'accès aux vallées d'Oueil et du Larboust.
On appelle cet espace urbanisé autour d'une tour de guet et à signaux et d'un donjon auquel on ne peut accéder que par l'étage (voir le Casterbet à Valcabrère, parfait exemple), un bédiaou (espace libre et public) composé de plusieurs niveaux, les "bayles", avant d'arriver à l'enceinte extérieure de protection du castet en Barousse ou castel en Couserans. L'église se trouvait dans l'enceinte du château.
Le Moyen-Age garda cette organisation mise à mal par les invasions barbares, réparées tant bien que mal puis laissées à l'abandon.
Le Moyen-Age et Charlemagne
Et les titres se transmirent par primogéniture (3))
Il ne fallut pas un siècle pour que ces entités dites nobles, après des guerres meurtrières pour un bout de territoire, une dispute quelconque, ne s'amenuisent et quand la vassalité s'imposa puis se durcit en devenant féodalité, les anciens comtés étaient morcelés et ne ressemblaient en rien aux marches carolingiennes.
Rappelons pour mémoire, que nous tous, qui que nous soyons, sommes issus du petit peuple besogneux (85% de la population était rurale et paysanne jusqu'à la deuxième moitié du 19éme siècle), nous sommes les descendants des serfs de ces siècles lointains (4) corvéables à merci, maltraités et méprisés...
Comme une grande majorité d'entre nous , nous descendons aussi des cagots encore plus méprisés car exclus et accusés de tous les maux de la terre.... Rien que d'y penser , cela donne une belle leçon d'humilité.... Enfin...
Les "délinquants" goûtaient plutôt le "confort plus que sommaire" de la tour-prison du château qui se trouve bâtie en dehors de l'enceinte extérieure en équilibre sur la pente dangereuse qui descend vers la rivière Ourse. On ne pouvait y entrer que depuis le chemin de ronde, donc pour s'échapper....
A suivre
Jackie Mansas
11 mai 2021
Les deux livres - véritables "Bibles" sur la Barousse - sont :
- la Barousse de Jean-Léonard Pène réedité dans les années 70/80 par Jean Darnet, né à Sost mais habitant et travaillant à Loures-Barousse comme ambulancier et libraire avec son épouse et une petite maison d'éditions disparue il y a bien longtemps. Vous aurez peut-être la chance de le trouver sur internet.... dans les vide-greniers, dans les trocs et brocantes ou bien dans les librairies anciennes. Ecrit en 1947, il est typiquement LE LIVRE d'Histoire de cette époque car tous les habitants vivaient encore dans une société digne descendante du 19ème siècle ! Il est un monument d'érudition et de transmission de la mémoire populaire.
- Les Quatre-Vallées par le docteur Armand Sarramon, un véritable témoin de la petite et la grande histoire des vallées vendu sur internet et dans quelques librairies spécialisées à un prix faramineux... Mais il est aussi une sacrée référence sur l'histoire des siècles passés, il reprend toutes les informations de l'époque accessibles (1954), mais depuis des "tonnes" de documents ont été classés et sont accessibles au public. Ce gros livre est un monument d'érudition également car il est écrit à une époque beaucoup moins troublée que celle de Mr Pène et la culture populaire avait bien pris ses marques.
Si vous les trouvez, je le souhaite, je ne les ai pas mais j'ai pu les consulter dans les années 70, vous plongerez dans un autre monde... Chaque fois que j'en ai trouvé un, il était à un prix frôlant le déraisonnable (850 francs pour Sarramon il y a vingt ans) !!! Alors... La réédition de la Barousse de J-L Pène sera sans doute plus accessible mais jusqu'à présent, je n'en ai pas trouvé un, hélas... L'original, ce n'est pas la peine de chercher, il n'existe plus malheureusement. Quoiqu'un jour peut-être...